La Turquie renforce le contrôle d’internet

S'abonner
Le parlement turc vient d’approuver un projet de loi renforçant le contrôle d'internet par l'Etat. Selon le texte, une décision judiciaire n'est plus nécessaire pour fermer un site et les opérateurs doivent fournir aux autorités des informations sur les utilisateurs dès la première demande. Les Turcs craignent des violations flagrantes de la liberté d'expression, et certains accusent même les autorités de fascisme, écrit vendredi le quotidien Kommersant.

Le parlement turc vient d’approuver un projet de loi renforçant le contrôle d'internet par l'Etat. Selon le texte, une décision judiciaire n'est plus nécessaire pour fermer un site et les opérateurs doivent fournir aux autorités des informations sur les utilisateurs dès la première demande.

 Les Turcs craignent des violations flagrantes de la liberté d'expression, et certains accusent même les autorités de fascisme, écrit vendredi le quotidien Kommersant.

La nouvelle loi élargit considérablement les pouvoirs du Bureau turc des télécommunications (TIB), qui pourra désormais bloquer des sites sans décision judiciaire s’il estime qu’ils empiètent sur la vie privée des citoyens ou si leur contenu est offensant. Les opérateurs sont désormais contraints de supprimer le contenu et les pages interdites en quatre heures, sous peine d'une amende pouvant aller jusqu'à 44 500 dollars.

Le projet de loi oblige également les opérateurs internet à conserver les données des utilisateurs pendant deux ans. Les autorités peuvent à tout moment exiger ces informations et les opérateurs devront les fournir sans aucun mandat et sans en avertir l'utilisateur. Ce projet de loi a été présenté en décembre après un immense scandale de corruption impliquant plus de 50 personnes de l'entourage du premier ministre turc et leur famille. Le scandale a entraîné des dizaines de renvois et des transformations au gouvernement. L'opposition a même appelé le premier ministre Recep Tayyip Erdogan à démissionner et des manifestations avaient éclaté à Istanbul.

Le nouveau projet de loi durcit significativement les restrictions qui pèsent sur internet, déjà sévères en Turquie. En 2007 déjà, le pays avait adopté une loi bloquant près de 40 000 sites. Beaucoup d'entre eux proposaient un contenu illicite, pornographique par exemple, mais les interdictions temporaires ont également touché les blogs et les sites célèbres de partage de vidéos, tels que Wordpress, DailyMotion et Vimeo. En 2008, YouTube a été bloqué pendant deux ans en Turquie. Et en juin dernier le premier ministre turc avait durement critiqué Twitter, déclarant que ce service était utilisé par des extrémistes, et que les réseaux sociaux en général étaient un "danger pour la société". Les Turcs font malgré tout partie des utilisateurs web les plus actifs de la planète : sur 76 millions d'habitants, 33 millions possèdent un compte Facebook.

Les autorités turques nient formellement que le pays instaure une censure d'internet. Selon le gouvernement, ce projet de loi protège la vie privée des citoyens. "Nous n'avons pas de censure d'internet. Nous avons bien plus de libertés que beaucoup d'autres pays, et nous avons la liberté de la presse", a déclaré le vice-premier ministre Bülent Arinç. Ce projet fait partie d’un ensemble de lois qui passeront aujourd’hui devant le parlement avant d'être signées par le président pour entrer en vigueur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала