Poutine, gestionnaire de popularité

© RIA Novosti . Ramil Sytdikhov / Accéder à la base multimédiaVedomosti
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Après l'adhésion de la Crimée au territoire russe, la cote de popularité de Vladimir Poutine va augmenter encore grâce au soutien de sa politique en Ukraine par la population russe, écrit jeudi le quotidien Vedomosti.

Après l'adhésion de la Crimée au territoire russe, la cote de popularité de Vladimir Poutine va augmenter encore grâce au soutien de sa politique en Ukraine par la population russe, écrit jeudi le quotidien Vedomosti.

La question mérite d’être posée, dans la mesure où les actions du président reçoivent l’approbation populaire suivant des facteurs plus émotionnels que rationnels. Ses années au pouvoir ont été marquées par des variations cycliques de popularité plus ou moins longues.

La popularité du premier ministre Poutine et la confiance qui lui était accordée avant son élection en mars 2002 résultait principalement des succès de l'armée russe pendant la seconde guerre de Tchétchénie. Selon la fondation Opinion publique, entre octobre 1999 et février 2000 la part de ceux qui souhaitaient voter pour lui a quadruplé pour passer de 14 à 57%. Ses actions étaient approuvées à l'époque par 76% des personnes interrogées, selon le Centre panrusse d'étude de l'opinion publique (VTsIOM). Depuis, sa cote de popularité a connu une succession de périodes de stabilité ou de chute, avec un temps de latence après certains événements dans le pays. D'après le centre Levada, l'arrestation de Mikhaïl Khodorkovski fin octobre 2003 avait fait monter sa popularité de 73% en octobre à 82% fin novembre. Les opérations militaires contre la Géorgie en août 2008 avaient permis d'atteindre le record de 88% en septembre contre 80% en juillet. Le déroulement réussi des JO de Sotchi a également fait gagner au président entre 6 et 8% de popularité.

Poutine et son entourage sont depuis longtemps passés de l'improvisation à une véritable politique de gestion de popularité. Mais ce n'est pas une arme mutuelle. L'approbation des agissements du président, provoquée par une réaction émotionnelle, s'estompe en général rapidement.

En janvier 2004 déjà, la part des partisans de la politique de Poutine était descendue au niveau qui précédait l'arrestation de Khodorkovski. Et l'ascension de 2008 a cessé deux mois plus tard. Miser sur le "vote par le cœur" dans le cadre d'une gestion manuelle est susceptible d'entraîner des perturbations d'affection dans des circonstances négatives. L'absence prolongée de Poutine dans l'espace médiatique pendant l'opération de sauvetage du sous-marin Koursk en août 2000, la tragédie de Beslan en septembre 2004 ont fait chuter sa popularité de la même manière, de 72 à 65%.

La tentative d'influer sur les émotions et de former un contexte positif sans explications rationnelles ne fonctionne plus quand la population constate une détérioration réelle de la situation matérielle ou une atteinte aux droits sociaux et politiques. La désapprobation de la monétisation des privilèges a conduit à une baisse du nombre de Russes soutenant la politique du président de 69% en décembre 2004 à 53% en mars 2005 et le retour aux indices initiaux a eu lieu seulement un an plus tard. Les infractions aux législatives avaient réduit sa popularité de 66% en octobre 2011 à 57% en décembre. La situation n'a changé qu'en été 2012.

Le chercheur américain Daniel Treisman souligne que l'aspiration à montrer de beaux chiffres de popularité ou de votes pour le "bon candidat" engendre des crises de confiance, pousse le Kremlin et ses stratèges à créer de nouvelles causes, souvent fictives, pour une nouvelle "joie populaire".

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