Ukraine: le rêve américain reste parfois au stade de rêve

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"Si les Etats-Unis veulent stabiliser la situation en Ukraine et empêcher une crise plus profonde en Europe, les politiciens comme les médias américains doivent revoir leur approche des réalités", affirme dans le Washington Post Katrina vanden Heuvel, rédactrice en chef de l'hebdomadaire américain The Nation, dont les propos sont relayés lundi par le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

"Si les Etats-Unis veulent stabiliser la situation en Ukraine et empêcher une crise plus profonde en Europe, les politiciens comme les médias américains doivent revoir leur approche des réalités", affirme dans le Washington Post Katrina vanden Heuvel, rédactrice en chef de l'hebdomadaire américain The Nation, dont les propos sont relayés lundi par le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

Ces derniers mois les actions des USA vont à l'encontre du bon sens. Compte tenu des divergences profondes au sein de la société ukrainienne et des intérêts vitaux de la Russie dans ce pays, Washington a commis un acte de provocation en reconnaissant immédiatement la légitimité inconditionnelle des nouvelles autorités, arrivées au pouvoir après un coup d'Etat et transgressant les accords visant un règlement pacifique de la crise. Il est insensé d'interpréter les actions de la Russie comme une menace pour l'ordre mondial, notamment quand on sait que l'Occident a besoin d'elle pour stabiliser la situation politique et financière en Ukraine.

Les médias et l'élite politique ont poussé l'administration américaine à prendre des mesures inconsidérées et destructrices en politique étrangère. L'incohérence des débats à ce sujet est tout simplement honteuse. Tous les spectres politiquent dénoncent les faiblesses du président Obama, l'appelant à des actes décisifs tout en excluant l'implication de l'armée américaine - car tout le monde a conscience du fait que le peuple américain ne souhaite pas s'ingérer dans un nouveau conflit à l'autre bout du monde.

Il est encore temps de prendre des mesures pour régler la crise avant que la situation n'échappe définitivement à tout contrôle. En premier lieu, il faut faire preuve de bon sens : l'Ukraine est profondément divisée - la moitié du pays attend l'aide de l'Europe, l'autre moitié attend celle de la Russie.

La frontière avec l'Ukraine est primordiale pour la Russie en matière de sécurité. Ni les USA ni l'UE ne sont prêts à entrer en guerre contre Moscou pour l'Ukraine et ne soutiendront pas éternellement Kiev financièrement - ni paieront sa facture de gaz. Si l'Ukraine veut survivre, elle n'a pas d'autre choix que de chercher des voies de coopération avec la Russie.

Seules la négociation peut éviter que l'Ukraine se divise, notamment après les référendums sur l'autonomie des régions de Donetsk et de Lougansk. Il est crucial de tout faire pour réduire la tension sur place. La Russie avait soutenu la suggestion d'organiser des tables rondes avec la participation de divers acteurs. Il est important que les USA se positionnent également en faveur de ces initiatives constructives.

Quel que soit le président élu en Ukraine, il faut espérer qu'il contribuera au dialogue sur les réformes constitutionnelles, qui poseront les bases de la formation d'un gouvernement d'unité nationale légitime.

Cependant, un accord constitutionnel n'apporterait rien en Ukraine si le pays restait un pion dans le jeu qui oppose les USA et la Russie. L'establishment politique américain doit renoncer au rêve d'expansion de l'Otan jusqu'aux frontières de la Russie. L'Occident doit reconnaître que l'Ukraine sera indépendante de l'Alliance et la Russie doit accepter son maintien en tant qu'Etat indépendant dans les frontières actuelles. L'Union européenne doit aussi cesser de pousser l'Ukraine vers un choix entre l'est et l'ouest. S'il lui reste encore des chances de se relever, elle aura besoin aussi bien du soutien de l'Occident que de la Russie.

Ce résultat ne serait atteint que si les politiciens et les médias américains faisaient appel à leur bon sens. Il est temps pour les USA de renoncer à leurs ambitions triomphatrices formées après la Guerre froide. Washington ne dispose pas de ressources ni de mandat pour le rôle de "policier du monde". Les pays comme l'Ukraine doivent eux-mêmes chercher des solutions pour protéger leur indépendance dans le cadre d'un voisinage avec des Etats plus puissants. Les USA, leurs alliés et les organisations internationales peuvent rendre ces situations plus ou moins stables. Il faut être prudent: la vie d'autrui est menacée par les illusions de ceux qui ne voient pas de limites à la puissance et la force militaire américaine.

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