L'Europe inquiète du succès de l'extrême-droite

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La victoire des partis nationalistes en France, au Royaume-Uni et au Danemark place l'Union européenne face à de nouveaux problèmes politiques, écrit mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

La victoire des partis nationalistes en France, au Royaume-Uni et au Danemark place l'Union européenne face à de nouveaux problèmes politiques, écrit mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le nombre de représentants de l'extrême-droite et de l'extrême-gauche au nouveau Parlement européen a plus que doublé, le tout dans un contexte d'apathie électorale, de colère contre la politique d'austérité, de chômage élevé et de problèmes d'immigration.

La chancelière allemande Angela Merkel déplore la hausse du soutien aux partis eurosceptiques. Selon la chef de file des conservateurs de la CDU/CSU, qui a obtenu 35% des voix, les partis traditionnels doivent reconquérir la confiance des électeurs en Europe. "Le meilleur moyen de le faire consiste à mettre l'accent sur l'amélioration de la compétitivité, la croissance économique et la création d'emplois", a-t-elle souligné.

En France, où le Front national a obtenu 25% des voix et le parti socialiste a essuyé une défaite écrasante, le président François Hollande a été contraint de critiquer les institutions européennes dans une allocution spéciale: "L'Europe est devenue illisible, j'en suis conscient, lointaine, et pour tout dire incompréhensible, même pour les Etats".

En conclusion de son discours de quatre minutes, Hollande a déclaré que l'Europe ne pourrait pas exister sans la France, mais la France, non plus, ne pourrait pas exister sans l'Europe.

"Je suis Européen, mon devoir est de réformer la France, de réorienter l'Europe", a-t-il affirmé.

Selon les experts français, la faiblesse de Hollande pourrait laisser Merkel sans puissant partenaire pour la prochaine étape de l'intégration européenne. "Un équilibre solide est nécessaire entre la France et l'Allemagne pour un fonctionnement normal de l'Europe. Cependant, la France marche sur les pas de l'Italie ou de la Grèce sur le plan économique et du Royaume-Uni en termes de relations avec l'Europe", analyse Dominique Moïsi de l'Institut français des relations internationales (IFRI).

Les élections au Royaume-Uni remettent en question la présence à long terme du pays au sein de l'UE. Le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), prônant la sortie immédiate de l'institution, a battu les conservateurs et les travaillistes. Le premier ministre David Cameron a déclaré que manifestement, les électeurs étaient profondément déçus par l'Europe et qu'il les avait entendus.

Malgré le succès des eurosceptiques, le chef de la Commission européenne José Manuel Barroso a souligné que la majorité des sièges du Parlement européen restait entre les mains des fractions pro-européennes. Il a expliqué le succès des radicaux, des populistes et des eurosceptiques par la perte de confiance croissante des électeurs envers les élites politiques.

Le succès aux législatives n'est qu'un ticket d'entrée au Parlement européen. Les radicaux devront réunir au moins 25 mandats pour y former leur fraction, sachant qu'elle doit être composée de représentants d'au moins sept pays de l'UE. Or l'extrême-droite est connue pour son incapacité à trouver des compromis. Par exemple, les Britanniques ont déjà annoncé qu'ils ne formeraient pas de coalition avec le FN de Marine Le Pen.

Les radicaux ne pourront donc pas influer sur l'élection du nouveau président de la Commission européenne. Le Parti populaire européen (PPE) a obtenu 213 des 751 sièges – un résultat suffisant pour exiger la nomination à ce poste de Jean-Claude Juncker, ancien premier ministre du Luxembourg et chef du groupe PPE. Une autre figure pourrait toutefois apparaître sur le devant de la scène par une résolution arbitraire du Conseil européen, composé des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE.

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