Les États-Unis craignent un "Maïdan afghan"

S'abonner
L'Afghanistan est au seuil d'une "révolution de couleur" après l'élection présidentielle, écrit mercredi 9 juillet le quotidien Kommersant.

L'Afghanistan est au seuil d'une "révolution de couleur" après l'élection présidentielle, écrit mercredi 9 juillet le quotidien Kommersant.

Le second tour s'est tenu il y a près d'un mois mais  les résultats officiels n'ont été annoncés que cette semaine. L'ex-ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah refuse de reconnaître la victoire de son rival Ashraf Ghani Ahmadzai et appelle à organiser des manifestations ou encore à créer des organismes gouvernementaux parallèles. Les États-Unis ne veulent pas d'un "Maïdan afghan". Le secrétaire d'État américain John Kerry a averti que toute tentative de remettre en question l'issue de l'élection priverait Kaboul d'assistance internationale.

Les résultats annoncés lundi donnent vainqueur l'ex-ministre des Finances Ashraf Ghani avec plus de 56% des voix. Abdullah Abdullah, qui avait nettement devancé son rival au premier tour mais a fini second, dénonce des "falsifications de masse". Selon lui, elles ont été ordonnées par le président sortant Hamid Karzaï qui avait misé sur l'ex-ministre des Finances.

Abdullah Abdullah n'a pas l'intention de se résigner. Il appelle ses partisans à manifester et menace les autorités de former un gouvernement parallèle. "Nous sommes prêts à sacrifier notre vie. Même si on nous coupait en morceaux, nous n'accepterions pas la fraude organisée par le gouvernement", a déclaré hier l'ex-ministre des Affaires étrangères en s'adressant à la population. Étant donné le soutien d'Abdullah chez les Tadjiks afghans (environ 27% de la population du pays, deuxième plus grand groupe ethnique après les pachtounes), le risque de scission ethnique de l'Afghanistan est plus élevé que jamais.

En apparence, la situation actuelle en Afghanistan rappelle le scénario de la révolution orange en Ukraine, fin 2004. A l'époque, le résultat du second tour de la présidentielle n'avait pas été reconnu par le candidat défait, ce qui avait débouché sur un soulèvement populaire. La différence fondamentale réside dans l'attitude des USA envers les événements. Contrairement au Maïdan de Kiev, qui a été soutenu par Washington, ce dernier s'oppose cette fois de manière tout aussi intransigeante aux tentatives d'Abdullah Abdullah de "déstabiliser la situation". Le secrétaire d'État John Kerry a averti qu'en cas de prise du pouvoir de manière "illégitime" Kaboul serait privé du soutien des États-Unis et de la communauté internationale.

 

La position américaine est logique. En prévision du retrait des forces de l'Otan d'Afghanistan prévu avant la fin de l'année, et dans le contexte de l'activation des talibans, un "Maïdan à Kaboul" pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour la région. Le scénario le plus dangereux - mais qui reste plausible - est celui de la scission de l'Afghanistan en plusieurs régions. L'une d'elles serait contrôlée par les Tadjiks qui soutiennent Abdullah Abdullah, une autre par les pachtounes loyaux envers Hamid Karzaï et Ashraf Ghani. Enfin, une troisième région, la plus vaste, risquerait de se retrouver sous le contrôle des talibans. Ce qui serait de facto un retour à la situation de 2001, quand à la veille de l'invasion américaine en Afghanistan ce pays était 

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала