L'Irak en voie de stabilisation politique?

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Réveil du terrorisme, blocage institutionnel, incapacité à nommer les nouveaux dirigeants du pays : jusqu'à récemment, on pouvait croire que l'Irak allait s'enfoncer dans une profonde crise politique, écrit jeudi 7 août le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Réveil du terrorisme, blocage institutionnel, incapacité à nommer les nouveaux dirigeants du pays : jusqu'à récemment, on pouvait croire que l'Irak allait s'enfoncer dans une profonde crise politique, écrit jeudi 7 août le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

La cause principale de cette vacance de pouvoir est la révolte des provinces sunnites, soutenue par l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Résulat: une grande majorité des sunnites a boycotté les législatives et n'a pas participé aux sessions parlementaires. Conformément à l'entente entre les représentants des principaux groupes ethno-confessionels d'Irak, les trois postes principaux du pays doivent être répartis ainsi: un sunnite président du parlement, un Kurde au poste présidentiel et un chiite pour diriger le gouvernement. Mais les négociations se sont éternisées.

C'est seulement le 15 juillet, après une troisième tentative, que le parlement a été enfin constitué et doté d'un président: le sunnite Salim al-Joubouri. Le nom du nouveau président du pays a ensuite été annoncé le 24 juillet - il s'agit du représentant de la minorité kurde Mohamed Fouad Massoum. Dans les quinze jours à venir, la coalition qui a remporté les législatives doit soumettre à l'approbation du nouveau président sa candidature de premier ministre.

En dépit de toute l'importance de la nomination d'un nouveau leader issu de la minorité kurde au poste présidentiel, il faut rappeler que ce poste a un rôle plutôt représentatif en Irak. La lutte politique qui vient sera plus ardue car il va falloir trouver un homme politique qui puisse satisfaire tout le monde à la tête du gouvernement. C'est cet homme qui définira la politique nationale et étrangère de l'Etat dans les quatre prochaines années et perfectionnera la législation avec l'aide de la majorité parlementaire chiite.

Le premier ministre sortant Nouri al-Maliki, qui a perdu la confiance des sunnites, des Kurdes et d'une partie des chiites, a montré son incompétence politique et, même s'il est accusé de corruption, tente de briguer son troisième mandat. Il est probable qu'al-Maliki et son entourage craignent des enquêtes parlementaires et des poursuites judiciaires, et de ce fait s'accrochent désespérément au pouvoir. Les principaux acteurs extérieurs à Bagdad - Washington et Téhéran - commencent à comprendre toute la nocivité et le danger du maintien au pouvoir d'al-Maliki, mais ne parviennent pas à lui trouver un remplaçant.

Finalement, l'Irak se retrouve une nouvelle fois face à un choix. Si al-Maliki arrivait à persuader les patrons étrangers et la majorité chiite qu'il est irremplaçable et imposer sa candidature au poste de premier ministre, l'Irak pourrait définitivement se diviser en trois enclaves. Deuxième option: les acteurs extérieurs et la majorité chiite trouvent un autre candidat à ce poste. Le nouveau premier ministre pourrait rapidement former un gouvernement de coalition et établir un contact étroit avec les sunnites et les Kurdes pour les faire travailler activement dans les nouveaux pouvoirs constitués et les structures de force. Il serait en même temps cohérent d'instaurer un dialogue avec Riyad et Doha pour convaincre leurs dirigeants que les sunnites occuperont une place digne dans le nouvel Irak et que Bagdad mènera une politique  nationale et étrangère indépendante de Téhéran. Ainsi pourraient être créées des prémisses d'une cessation de l'aide des pays du Golfe au profit de l'EIIL sur le territoire irakien.

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