L'objectif final des fascistes n'est pas Donetsk mais la Russie (journaliste allemande)

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La journaliste allemande Margarita Zeidler, figure-clé de la résistance dans le Donbass en Ukraine, a accordé une interview exclusive au quotidien Komsomolskaïa Pravda.

La journaliste allemande Margarita Zeidler, figure-clé de la résistance dans le Donbass en Ukraine, a accordé une interview exclusive au quotidien Komsomolskaïa Pravda.

Venue initialement pour une journée à Slaviansk, l'Allemande Margarita Zeidler n'a finalement plus quitté la ligne de front pour raconter la vérité sur cette ville assiégée. Pour elle, cette guerre ne lui est pas étrangère. Elle explique pourquoi.

Margarita, comment vous êtes-vous retrouvée à Slaviansk et à Donetsk?

La route fut longue. J'ai longtemps vécu en Ukraine. En 2002, j'ai décidé de quitter définitivement cette Europe que tout le monde pense prospère…

Qu'est-ce que vous désapprouvez en Europe?

La justice juvénile, l'euthanasie, les mariages homosexuels, les gay prides et la structure sociale en général. Orthodoxe (convertie en Allemagne), j'ai compris que cela ne contribuait pas à sauver son âme. Beaucoup de gens quittent la Russie ou l'Ukraine au profit de l'Europe à la recherche d'un bien-être matériel. Mais dans le sens spirituel, c'est déplorable.

Pourquoi avoir choisi l'Ukraine?

Je voulais partir en Russie mais une amie m'a invitée à Kiev. Elle m'a fait visiter les lieux sacrés, j'ai rencontré un prêtre qui a béni mon déménagement. Je ne faisais pas de distinction particulière entre l'Ukraine, la Grande Russie ou la Russie blanche. Tout cela est la Sainte Russie à mes yeux.

Vous étiez à Kiev quand le Maïdan a eu lieu?

Oui, j'y travaillais depuis deux ans dans l'association Assemblée populaire d'Ukraine. J'ai personnellement assisté à tous ces événements: l'anarchie, la perversion morale, les murs avec des croix gammées et des slogans fascistes. Un homme normal ne peut pas soutenir tout cela, seulement sous l'influence du démon… Quand on a commencé à saccager la ville, notre organisation a aidé les unités Berkut en recueillant de l'aide humanitaire, des vêtements chauds et des extincteurs. Quand les fascistes ont pris le pouvoir à Kiev, nous avons dû quitter la ville.

Et vous êtes partie dans le Donbass?

Par immédiatement. D'abord à Sébastopol, où j'ai des amis. J'ai rejoint les forces d'autodéfense de la ville. Après le référendum et le rattachement de la Crimée à la Russie, je voyais ce qui se passait dans le sud-est et ne pouvais pas rester les bras croisés. L'un de mes amis a été tué début mai. Il a été fusillé. On se connaissait encore à Kiev. Une autre connaissance (actuellement chef de régiment) se trouvait à Slaviansk depuis le début. Et j'ai décidé qu'il fallait partir combattre le fascisme.

Comment avez-vous été accueillie par les forces d'autodéfense?

Ils étaient très polis et m'ont aidé comme ils ont pu. On m'a installée dans un bâtiment près du QG mais la nuit, il fallait rejoindre les abris antiaériens. L'armée ukrainienne bombardait constamment les quartiers résidentiels. Il y a eu beaucoup de morts et de blessés. Surtout après notre retraite de Slaviansk…

En quoi consistait votre aide aux forces d'autodéfense?

Je suis infirmière de formation, j'ai travaillé pendant de nombreuses années en Allemagne en traumatologie et en réanimation. J'ai également travaillé comme sauveteur et chauffeur d'ambulance. Je pensais aider les blessés. Mais à ce moment-là je faisais du journalisme depuis deux ans et le commandement a décidé que ma tâche principale serait le travail d'information.

Sur la photo, on vous voit avec une arme…

Un fusil automatique était toujours à portée de main. J'étais prête à défendre le QG en cas de percée des troupes ukrainiennes.

Les autorités de Kiev affirment que des forces d'élite russes se battent contre eux…

C'est faux! 90% sont des habitants locaux. Pas seulement du Donbass, mais de toutes les régions ukrainiennes. Les autres sont des Russes venus de leur plein gré, comme moi. Ce ne sont pas des militaires! Au début, ils ne savaient même pas se battre correctement.

Et des Tchétchènes?

Je n'en ai vu aucun.

La junte affirme également que les forces d'autodéfense posséderaient de toutes nouvelles armes russes…

On se bat avec des vieilles Kalachnikov. Dieu merci, ces fusils sont très simples et fiables. A Kramatorsk, nous avons retiré d'un monument un char T-34 et l'avons remis en état. Nous avons également deux véhicules de débarquement, un canon automoteur 2S23 Nona et quelques vieux mortiers à l'armée ukrainienne.

Comment les forces d'autodéfense parviennent à retenir un adversaire plus puissant?

C'est un véritable miracle de bravoure et de courage de la part des combattants. Les forces d'autodéfense ont des choses à perdre. Ils défendent leur Patrie, leurs familles. Personne ne les paie. Tous les membres des forces d'autodéfense ont eux-mêmes acheté leur treillis, certains creusent des tranchées en chaussures… Mais surtout, ils ont une grande force morale!

Et celle de l'ennemi?

Au contraire, elle est très faible. Le traitement des blessés et des morts est éloquent. Les forces d'autodéfense cherchent toujours à sortir les leurs. Mais des gens de confiance ont affirmé avoir vu de leurs propres yeux des corps de soldats ukrainiens simplement jetés dans un lac. 13 corps nous ont été remis récemment, et on voyait qu'ils avaient été torturés de leur vivant. Des traces de coups de couteau, des bras et des jambes cassés. Dans un cas, un milicien avait une oreille coupée…

Que se passe-t-il actuellement à Donetsk?

C'est de plus en plus difficile chaque jour. Les forces d'autodéfense se battent héroïquement. Je voudrais croire jusqu'au bout qu'elles vaincront. L'Occident, qui a déclenché cette guerre, ne s'arrêtera pas. Si le Donbass tombait, les fascistes iraient plus loin. Leur objectif final est la Russie, et aujourd'hui les forces d'autodéfense tombent en fait pour Moscou…

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