L'Inde et le Pakistan de nouveau dans l'impasse

S'abonner
Les autorités indiennes ont renoncé aux négociations fixées la semaine prochaine à Islamabad pour initier le processus de normalisation des relations bilatérales, écrit mercredi 20 août le quotidien Kommersant.

Les autorités indiennes ont renoncé aux négociations fixées la semaine prochaine à Islamabad pour initier le processus de normalisation des relations bilatérales, écrit mercredi 20 août le quotidien Kommersant.

C'est le premier scandale depuis l'arrivée au pouvoir du premier ministre indien Narendra Modi : après que l'ambassadeur du Pakistan a rencontré les leaders du Cachemire à New Delhi considérés comme séparatistes par le gouvernement indien.

En effet, le Pakistan insiste sur la nécessité de contacts avec les forces influentes du Cachemire, mais l'Inde ne veut pas céder : ceux qu'elle considère comme des "terroristes" n'auront pas leur place aux négociations sur le règlement du problème du Cachemire.

La rencontre à Islamabad de la secrétaire indienne aux Affaires étrangères Sujatha Singh avec son homologue pakistanais Aizaz Chaudhry, prévue le 25 août, devait être le premier contact officiel entre les hauts représentants des deux pays après pratiquement deux ans d'interruption, dus à de nombreux incidents frontaliers le long de la ligne de contrôle dans le Cachemire. Un espoir de redémarrage des relations indo-pakistanaises était apparu après l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement de Narendra Modi en mai à New Delhi.

En dépit de sa rhétorique de campagne ferme vis-à-vis du Pakistan et de sa réputation de nationaliste, c'est bien Narendra Modi qui a initié le processus de normalisation des relations avec Islamabad, invitant par surprise Nawaz Sharif – le premier ministre du Pakistan hostile à l'Inde - à son investiture. Après la rencontre sensationnelle des deux dirigeants à New Delhi, le premier ministre Sharif a fait un geste réconciliateur en envoyant un splendide sari à la mère de Narendra Modi.

Mais le scandale a de nouveau éclaté lundi après que l'ambassadeur du Pakistan à New Delhi, Abdul Basit, a invité les leaders du parti radical Hurriyet du Jammu-et-Cachemire pour consultations. La partie pakistanaise n'a pas caché que le but de cette réunion avec les représentants du mouvement pour la séparation du Jammu-et-Cachemire de l'Inde était d'avoir des précisions sur leurs positions concernant le règlement du problème du Cachemire. En engageant le contact avec les représentants du Cachemire, l'ambassadeur a ignoré l'avertissement de Sujatha Singh selon lequel le Pakistan devait choisir entre l'Inde et les séparatistes.

Sabir Ahmad Shah, l'un des leaders du Cachemire, a justifié ainsi ces contacts: "Nous saluons les négociations entre l'Inde et le Pakistan mais les rencontres bilatérales ne peuvent pas régler le problème du Cachemire. Comme l'ont montré les six dernières décennies, ces négociations échouent coup après coup. L'Inde et le Pakistan font partie du litige, mais nous en sommes le centre. Qu'y a-t-il de mal à ce que tout le monde soit associé aux négociations?".

L'Inde a réagi très brusquement à cette rencontre de l'ambassadeur du Pakistan avec les leaders du Cachemire. Selon la déclaration du ministère indien des Affaires étrangères le jour même, New Delhi considère les contacts de l'ambassadeur avec les leaders du Hurriyet comme la "poursuite des efforts du Pakistan pour s'ingérer dans les affaires intérieures de l'Inde".

Depuis des années, l'Inde accuse le Pakistan de soutenir le "terroriste transfrontalier", d'ouvrir son territoire à des camps de préparation des combattants du Cachemire qui sévissent au du Jammu-et-Cachemire, de leur fournir des armes et de commettre des attaques contre le territoire indien derrière la "ligne de contrôle". Islamabad nie formellement son implication dans la lutte armée des combattants du Cachemire pour l'indépendance, affirmant qu'au Cachemire agissent des acteurs non étatiques pour lesquels Islamabad n'a aucune responsabilité. Cependant, après sa visite la semaine dernière au Jammu-et-Cachemire, Narendra Modi a laissé entendre que ces arguments n'étaient pas convaincants. Selon lui, "sans pouvoir se permettre une guerre à part entière contre l'Inde, le Pakistan mène quand même une guerre officieuse".




Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала