En pleine révolte après la mort de Michael Brown, un adolescent afro-américain de 18 ans abattu par un policier à Ferguson (Missouri, USA), une patrouille de police a tué un autre jeune Afro-américain dans la ville voisine de Saint-Louis, écrit jeudi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
L'incident s'est produit aux alentours de 13 heures à proximité d'un supermarché. Selon le chef de la police de Saint-Louis Sam Dotson, un jeune afro-américain avait tenté de commettre un vol dans un magasin et s'est comporté de manière inadéquate après l'arrivée de la police. Les forces de l'ordre lui avaient demandé de s'arrêter mais il aurait commencé à crier: "Tirez! Tuez-moi maintenant!" – en s'approchant d'eux avec un couteau à la main. Les deux patrouilleurs ont ouvert le feu et abattu cet Afro-américain de 23 ans.
Le lieu de l'incident a été bouclé par les policiers, autour desquels s'est rassemblée une grande foule scandant "Mains en l'air! Ne tirez pas!", cependant, aucune altercation ne s'est produite cette fois. Le maire de Ferguson James Knowles craint que cet incident ne provoque de nouvelles manifestations: "Même une étincelle mineure peut engendrer une nouvelle vague de colère".
La situation reste tendue à Ferguson, où a été envoyée la Garde nationale après les émeutes en début de semaine pendant lesquelles plus de 30 individus ont été interpelés. Durant la journée, les manifestants s'approvisionnaient en masques pour résister au gaz lacymogène utilisé par la police pour dissiper la foule. Des audiences ont commencé mercredi pour déterminer si le policier Darren Wilson devait faire l'objet de poursuites pour avoir abattu l'adolescent Michael Brown à Ferguson. Mercredi également, le procureur général des USA Eric Holder s'est rendu dans la ville sur ordre du président Barack Obama pour prendre connaissance du déroulement de l'enquête.
Les événements dans le Missouri ont attiré l'attention des Américains sur les limites de la légitime défense des policiers et des doubles standards envers les individus de race noire. Selon le FBI, les forces de l'ordre tuent près de 400 personnes par an. Le cas de Michael Brown est donc loin d'être unique.
Des manifestations ont été organisées récemment à Los Angeles (Californie) et à Beavercreek (Ohio) avec le même credo: on exige des autorités qu'elles mènent une enquête sur les citoyens abattus par les policiers. Le 11 août, des policiers de Los Angeles ont tué Ezell Ford, 25 ans et sans arme, qui aurait des troubles psychologiques. Selon la version des autorités, cet Afro-américain avait attaqué les policiers et tenté de s'emparer de leur arme, alors que certains témoins indiquent que Ford n'a montré aucune agressivité.
Le 2 août, selon les témoins, des patrouilleurs ont battu à mort Omar Abrego, 37 ans, qui a été arrêté pour excès de vitesse. La police de la ville a déclaré que cette homme de race noire avait pris la fuite, renversé un piéton et opposé une résistance pendant l'interpellation.
A Beavercreek, un policier a abattu John Crawford, 21 ans, dans un hypermarché Walmart, en prenant le fusil à air comprimé qu'il tenait entre ses mains pour une vraie arme à feu.
