Les préférences commerciales sont plus efficaces que les guerres

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En ouvrant son marché aux pays de la CEI, Moscou pourrait recevoir ce qu'elle s'était jusque-là efforcée d'obtenir par le biais d'interdictions: la création d'une zone économique commune dans l'espace postsoviétique, qui servira de base pour les nouvelles alliances d'intégration, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

En ouvrant son marché aux pays de la CEI, Moscou pourrait recevoir ce qu'elle s'était jusque-là efforcée d'obtenir par le biais d'interdictions: la création d'une zone économique commune dans l'espace postsoviétique, qui servira de base pour les nouvelles alliances d'intégration, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

L'Union eurasiatique, qui effraie certains partenaires de la Russie, pourrait finalement devenir attractive: la carotte est toujours meilleure que le bâton. D'autant que les Russes sont habitués aux fruits et légumes des pays voisins, qui répondent à leurs exigences en matière de goût. Pour cette raison on trouve souvent sur les marchés moscovites des acheteurs à la recherche d'abricots arméniens ou de pommes moldaves.

Mais on leur propose en échange des abricots grecs et des pommes polonaises - et au lieu des pommes de terre russes ou biélorusses d'autres qui viennent des Pays-Bas, rendant la casserole jaune après la cuisson. Ceux mangent des pommes de terre classiques ne comprendront pas, mais on sait que les Allemands sont très friands de la viande de renne d'Iakoutie, les Polonais et les Suédois adorent le saumon russe d'Extrême-Orient, tandis que les Russes se contentent du saumon élevé en captivité. Les habitants d'Iakoutie ne sont pas les seules à se réjouir de l'annonce selon laquelle désormais, tout pourrait changer et qu'ils pourront remplacer le poulet américain par leur viande de renne. Les pays de la CEI calculent également le profit éventuel.

Le ministre russe de l'Agriculture Nikolaï Fedorov a déclaré hier que la Russie avait dressé la liste des pays qui exporteraient leurs produits en Russie. Les fruits et légumes seront importés du Tadjikistan, de l'Azerbaïdjan, de l'Arménie, de l'Ouzbékistan et du Kirghizstan.

Selon le vice-ministre kirghiz de l'Agriculture Erkinbek Tchodouev, il a été décidé d'accroître les exportations de fruits et légumes en Russie de 75 000 à 200 000 tonnes. Il y a cinq ans, le Kirghizstan n'envoyait une telle quantité qu'en Sibérie et dans l'Oural. L'an prochain, après l'adhésion du Kirghizstan à l'Union douanière, les autorités de la république ont l'intention de mettre en place les exportations de viande et de produits laitiers. "Le bœuf et le mouton seront la priorité. Il est également prévu de lancer les fournitures de la viande de yak et de cheval", a souligné le vice-ministre kirghiz.

De son côté, le Tadjikistan a l'intention de quintupler ses livraisons de fruits et légumes en Russie. L'ensemble des propositions sera examiné prochainement par les autorités tadjikes.

D'ici fin 2016, l'Ouzbékistan pourrait doubler ses exportations de fruits et légumes en Russie jusqu'à 500 000 tonnes, a annoncé le porte-parole du ministère ouzbek de l'Agriculture et des Ressources en eau Olimba Artykov. Cela rapporterait au trésor ouzbek 400 millions de dollars supplémentaires chaque année. Parmi les facteurs ralentissant l'augmentation des fournitures, Artykov souligne l'état technique des moyens de transport spécialisés en Ouzbékistan, ainsi que les normes de quarantaine revues à la hausse à la douane russe.

L'Azerbaïdjan, qui avait la réputation d'être le "jardin de l'Union soviétique", rencontre des problèmes identiques. Bakou est prêt à fournir en Russie des pêches, des pommes, des poires, des tomates, des choux, des aubergines et d'autres produits dès demain. "Le plus important est le feu vert de la douane russe", affirment les fermiers azerbaïdjanais.

La Géorgie livre en Russie du vin, de l'eau minérale et des agrumes. Mais elle pourrait exporter une gamme plus large de produits agricoles, d'autant que la principale "barrière commerciale" a été levée: Mikhaïl Saakachvili n'est plus président de ce pays, ce qui freinait auparavant Moscou. Or on peut - et on doit - trouver un terrain d'entente avec les nouvelles autorités de Géorgie, un voisin proche de la Russie. Il ne faut pas non plus repousser la Moldavie, bien qu'elle ait signé un accord d'association avec l'UE, car la majeure partie de la population a une attitude positive envers la Russie et souhaite développer les liens avec celle-ci. Une barrière commerciale avec ce pays priverait les Russes de produits moldaves de qualité et la Transnistrie, avec ses 200 000 citoyens russes, d'espoir pour un statut acceptable au sein de la Moldavie - sans parler de son adhésion éventuelle à la Russie.

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