Kiev fait semblant de vouloir une sortie pacifique au conflit

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Le 5 septembre, la signature d'un protocole trilatéral sur un cessez-le-feu a permis de rétablir la paix dans les régions du sud-est ukrainien, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le 5 septembre, la signature d'un protocole trilatéral sur un cessez-le-feu a permis de rétablir la paix dans les régions du sud-est ukrainien, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Pour la première fois depuis des mois la population des régions de Lougansk et de Donetsk peut vivre dans un calme relatif. Pour les insurgés et l'armée ukrainienne, cette trêve permet de limiter les pertes. Cependant ce document, dont personne ne conteste l'importance, n'a pas retiré de l'ordre du jour une question cruciale: comment concilier les positions diamétralement opposées des républiques populaires de Lougansk et de Donetsk d'une part, et de Kiev de l'autre?

Jusqu'à présent les autorités ukrainiennes écartaient toute possibilité de fédéralisation ou de sortie de ces deux républiques du territoire de l'Ukraine. Kiev insistait sur le maintien des républiques au sein de l'Etat, tout en faisant des concessions pour une certaine décentralisation et la conservation de l'identité de ces régions. Mais il était hors de question de leur accorder l'autonomie ou, qui plus est, l'indépendance, comme l'a répété ouvertement le gouvernement ukrainien. Quant aux autorités de Lougansk et de Donetsk, elles visaient bien la formation d'Etats indépendants.

Au moment de la signature du cessez-le-feu les parties ont tenté de ne pas mettre l'accent sur leurs divergences concernant le futur statut des régions de Lougansk et de Donetsk, insistant sur la nécessité de cesser le feu pour empêcher davantage de pertes civiles et militaires.

La Russie, qui joue le rôle de médiateur dans le conflit, suggère d'octroyer aux régions de Donetsk et de Lougansk un statut particulier dans le cadre de l'Etat ukrainien.

Ces approches divergentes vis-à-vis du futur statut de ces régions, notamment du côté des insurgés et de Kiev, font planer le doute sur la mise en place d'un mécanisme efficace de règlement du conflit ukrainien, et remettent en question un cessez-le-feu définitif. Il s'agit plutôt d'un règlement de tâches tactiques par chaque partie impliquée dans le conflit.

Les propositions russes ont permis d'apaiser temporairement les critiques occidentales et de souligner une nouvelle fois l'intérêt pour une solution pacifique du conflit. Même l'Ukraine a été forcée de le reconnaître – ces dernières semaines, Kiev a commencé à témoigner davantage d'intérêt pour les initiatives russes.

La signature du protocole à Minsk arrivait à point nommé pour Kiev. Cette pause a permis de faire reculer et remplacer les unités gouvernementales, très malmenées et démoralisées. Du nouveau matériel a été projeté dans la zone de conflit pour renforcer les positions ukrainiennes. Ainsi, malgré la signature du protocole de Minsk, l'Ukraine continue de montrer qu'elle veut poursuivre le règlement du conflit par la force.

Le protocole de Minsk était une mesure obligée pour Kiev. Les succès des insurgés, les pertes humaines et matérielles ainsi que le manque de temps pour se regrouper ont contraint le président ukrainien à changer de position et à accepter de négocier avec les insurgés.

Mais le fait que Kiev simule sa volonté de régler le conflit pacifiquement provoque de nouveaux affrontements, ce qui conduira à l'escalade du conflit avec de nouvelles victimes civiles et militaires. La domination, au sein du gouvernement ukrainien, des partisans d'une solution militaire du conflit dans le Donbass et à Lougansk, tout comme l'imminence des élections législatives, poussent Porochenko à poursuivre la répression des dissidents opposés à la politique nationale et étrangère de Kiev.

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