La Pologne va-t-elle armer l'Ukraine?

© Kristina AfanasyevaRossiïskaïa gazeta
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A peine le nouveau gouvernement polonais avait-il prêté serment que ses ministres s'opposaient déjà sur la question des livraisons d'armes à l'Ukraine, écrit mercredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

A peine le nouveau gouvernement polonais avait-il prêté serment que ses ministres s'opposaient déjà sur la question des livraisons d'armes à l'Ukraine, écrit mercredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

La nouvelle première ministre polonaise, Ewa Kopacz, a déclaré que son pays devait "se conduire comme une femme polonaise raisonnable". Certains en ont conclu que la Pologne allait changer sa position, excessivement active, vis-à-vis du conflit en Ukraine.

Mais lundi, suite à la déclaration de la chef du gouvernement, le nouveau vice-premier ministre et ministre de la Défense de la Pologne Tomasz Siemoniak a annoncé à la Radio ZET: "La partie ukrainienne étudie actuellement nos capacités. Nous avons une procédure et des entreprises qui, je pense, rêveraient d'exporter leurs armes si l'Ukraine se montrait intéressée. Elle pourrait être un bon partenaire".

Le ministère de la Défense explique lui-même la contradiction entre ses propos et ceux de la première ministre: "J'ai rencontré vendredi le ministre ukrainien de la Défense. Nous avons évoqué le sujet et à la demande de la partie ukrainienne, que je considère tout à fait justifiée, nous avons convenu de ne pas faire de déclarations à ce sujet. Les Ukrainiens pensent qu'il est préférable d'évoquer ce genre de sujets dans le silence des bureaux et d'agir, plutôt que de s'en vanter dans la presse".

Quels types d'armements la Pologne pourrait-elle vendre à l'Ukraine? Deux experts, russe et polonais, ont accepté de partager leur avis sur le sujet.

Andrzej Talaga, directeur stratégique à Warsaw Enterprise Institute:

Autant que je sache, jusqu'à présent le gouvernement polonais n'a pas autorisé la vente d'armes létales comme l'artillerie ou les chars. En revanche, il a donné le feu vert à la vente de gilets pare-balles, de casques, de systèmes de pointage et de guidage de tir, de communications, de suivi de cible, ainsi que de drones à courte portée. La Pologne peut en vendre et cela ne devrait poser aucun problème avec la Russie, je pense. La deuxième chose que la Pologne est prête à faire, c'est d'assurer la maintenance du matériel militaire ukrainien. Le président ukrainien a récemment déclaré que le pays avait perdu 65% de son matériel militaire. Il est question du matériel opérationnel car tout le reste est inutilisable. Ce matériel, la Pologne est capable de remettre en état parce qu'elle dispose d'un savoir-faire et des mêmes éléments – les mêmes chars T-72, les hélicoptères Mi-24, Mi-17 et Mi-8, des systèmes d'artillerie semblables qui sont retirés du service en Pologne, mais il reste encore des entreprises qui les réparent. Nous pourrions le faire avec l'aval du gouvernement.

Rouslan Poukhov, directeur du Centre d'analyse stratégique et technologique:

Premièrement, le ministère de la Défense polonais n'est pas responsable de la vente d'armes. C'est le ministère de l'Economie qui s'en charge, et le ministère des Affaires étrangères pourrait avoir son avis sur la question. Par conséquent, je ne prendrais pas très au sérieux cette annonce. Deuxièmement, malgré toute sa politique ostentatoire et malgré le fait qu'elle soit l'une des initiatrices, avec la Suède, de la politique européenne du Partenariat oriental, pour les questions de ce genre la Pologne consultera très probablement les Etats-Unis. Or ces derniers ont récemment refusé à Piotr Porochenko de lui livrer des armes, du moins des systèmes de combat, et ils n'encourageront certainement pas la Pologne à le faire. Troisièmement, la Pologne possède effectivement son propre complexe militaro-industriel. Il n'est pas aussi puissant qu'à l'époque du Pacte de Varsovie mais le groupe Polski Holding Obronny, anciennement Bumar, fabrique des armements qui pourraient être exportés en Ukraine - des équipements du soldat du futur Bumar Zolnierz aux véhicules blindés de combat d'infanterie Rosomak, produits sous licence finlandaise.

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