Lutte contre l'EI: l'implication de la Turquie nécessaire

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La lutte antiterroriste bat son plein au Proche-Orient: les unités kurdes continuent de combattre les extrémistes de l'organisation Etat islamique dans la ville syrienne de Kobané, à la frontière turque, et la coalition internationale menée par les USA poursuit ses frappes aériennes contre les positions des jihadistes, écrit vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

La lutte antiterroriste bat son plein au Proche-Orient: les unités kurdes continuent de combattre les extrémistes de l'organisation Etat islamique dans la ville syrienne de Kobané, à la frontière turque, et la coalition internationale menée par les USA poursuit ses frappes aériennes contre les positions des jihadistes, écrit vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Une opération terrestre est exclue pour l'Occident, qui espère qu'Ankara s'en chargera - mais les autorités turques n'ont déployé que des chars à la frontière et l'armée reste inactive. Les experts sont persuadés que les pays occidentaux n'arriveront pas à éliminer les islamistes sans l'aide de la Turquie et qu'ils devront s'entendre sur un format de coopération avec Ankara, en acceptant les conditions du gouvernement turc.

La situation des Kurdes à Kobané est difficile car ils ne disposent que d'armes d'infanterie pour affronter les chars et l'artillerie dont les islamistes de l'EI se sont emparés en Irak. Les jihadistes contrôlent aujourd'hui plus d'un tiers de cette ville syrienne d'importance stratégique.

La population kurde de Turquie continue d'organiser des manifestations, de saccager des immeubles et de détruire des vitrines de magasins, exigeant du gouvernement qu'il soutienne leurs frères kurdes en Syrie. En deux jours, 19 personnes ont été tués en Turquie et 368 individus ont été appréhendés pour leur participation dans les pogroms.

La coalition internationale cherche aujourd'hui à faire pression sur Ankara mais la Turquie, pour sa part, n'a pas l'intention de mener une opération terrestre contre l'EI au nord de la Syrie en solitaire, comme l'a déclaré hier le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu.

Ankara a préconisé de créer une zone tampon le long de la frontière turco-syrienne mais l'Otan n'étudie pas cette question pour l'instant, comme l'a confirmé le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg lors de sa visite en Turquie.

L'Occident, de son côté, poursuit ses frappes aériennes contre les positions des jihadistes et l'armée de l'air australienne a récemment rejoint l'opération. Cependant, les représentants de la coalition internationale menée par les USA ont reconnu, dans une conférence de presse à Washington, qu'il était impossible de lutter efficacement contre l'EI uniquement par des attaques aériennes, notamment à la frontière syrienne.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a rencontré à Washington son homologue britannique Philip Hammond pour évoquer la proposition du Royaume-Uni d'aider à former les groupes syriens rebelles pour combattre l'EI. Pour sa part, Hammond a appelé la Turquie à agir avec détermination pour aider les Kurdes à la frontière syrienne, soulignant que l'ingérence des forces britanniques dans le conflit devait être limitée.

La Commission européenne a décidé d'accélérer les pourparlers sur l'intégration de la Turquie à la communauté européenne. Le commissaire européen à l'élargissement et à la politique européenne de voisinage Stefan Füle a souligné dans son rapport annuel sur l'élargissement de l'UE qu'il était nécessaire d'établir un dialogue politique avec Ankara, y compris pour combattre l'EI.

Selon Nodar Mossaki, expert à l'Institut d'études orientales affilié à l'Académie des sciences de Russie, la Turquie se positionne aujourd'hui comme une "force à part, au croisement entre le Proche-Orient, l'Afrique et l'Europe". "Si la Turquie rejoignait la coalition internationale, comme on lui demande actuellement, elle avancerait forcément ses propres conditions. Mais l'adhésion à l'UE et la modernisation de l'armée ne sont pas le principal intérêt d'Ankara: la Turquie dispose déjà d'un complexe militaro-industriel correct. En avançant ses conditions à l'Occident la Turquie sera guidée par ses craintes et sa politique vis-à-vis des Kurdes. Or Ankara veut avant tout affaiblir au maximum le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)", estime l'expert.

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