Les indépendantistes écossais inspirent les séparatistes européens

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Bien que le référendum écossais se soit soldé par la défaite des nationalistes et la préservation de l'unité britannique, il a significativement influencé les partisans d'un changement de la carte politique européenne, écrit mercredi le quotidien Kommersant.

Bien que le référendum écossais se soit soldé par la défaite des nationalistes et la préservation de l'unité britannique, il a significativement influencé les partisans d'un changement de la carte politique européenne, écrit mercredi le quotidien Kommersant.

Les séparatistes de plusieurs régions d'Espagne, d'Italie, d'Allemagne ou encore de France ont ainsi annoncé: "L'autodétermination est réelle, l'avalanche est déclenchée". Les autorités de ces pays devront désormais s'occuper de la répartition des pouvoirs au profit des régions insurgées, au risque de perdre le contrôle de leur souveraineté.

"Assister à l'éclatement de notre Royaume-Uni m'aurait brisé le cœur. A moi, mais aussi à beaucoup de gens de notre pays et à travers le monde. Mais désormais, il ne peut y avoir de discussions ou de tentatives de tout rejouer – nous avons tous entendu la ferme volonté du peuple écossais", a déclaré le premier ministre britannique David Cameron immédiatement après l'annonce des résultats du référendum écossais du 18 septembre. Le premier ministre, qui n'avait pas fermé l'œil de la nuit, ne dissimulait pas sa joie.

Mais des sentiments tout autres régnaient en Ecosse. Le lendemain du vote, le premier ministre écossais Alex Salmond a remercié ses partisans pour leur soutien - et a démissionné.
Cette décision est logique: les séparatistes écossais avaient une occasion unique d'obtenir leur indépendance mais n'ont pas réussi à en profiter. La génération actuelle n'aura certainement plus l'opportunité de créer un Etat écossais indépendant.

Néanmoins, Londres ne peut pas se permettre d'ignorer les revendications de presque la moitié des Ecossais. Le gouvernement de Cameron a donc décidé de recourir à la même tactique que les autorités canadiennes en 1995, après le référendum au Québec. A l'époque, l'écart entre les deux camps étaient encore plus réduit – 50,58% contre 49,42%. Conscientes de la dangerosité de la situation, les autorités avaient alors autorisé la province à s'engager sur la voie d'une souverainisation. Londres devra également faire de sérieuses concessions: l'Ecosse obtiendra de nouveaux pouvoirs dans le domaine social et fiscal.

Le référendum écossais a également touché l'Europe. "L'autodétermination est réelle et l'avalanche est déclenchée", ont déclaré les Libéraux du Tyrol du Sud, qui aspirent à l'indépendance de cette région italienne ou à son unification avec l'Autriche. Le leader de ce parti Pius Leitner a affirmé que "le droit à l'autodétermination appliqué en Ecosse doit être accordé au Tyrol du Sud".

La Ligue du Nord, déchirée entre les slogans sur l'indépendance de la Padanie et la fédéralisation du pays, demeure populaire en Italie. Les partis régionaux de la Vénétie ont même organisé un référendum en ligne sur l'indépendance. 73% des électeurs enregistrés y ont participé, dont 89% se sont prononcés pour l'indépendance.

Des appels similaires s'élèvent en Allemagne (Bavière), en France (Corse, Bretagne), en Belgique (Flandre) et sur l'île portugaise de Madère.

Mais tous les yeux sont actuellement rivés sur l'Espagne, où le problème du séparatisme a été associé pendant de longues années au Pays basque. Les activistes de l'ETA ont fait parler d'eux pendant plus d'un demi-siècle en commettant des attentats, mais en 2011 ils ont renoncé à la lutte armée. Après le référendum écossais, ils ont annoncé que ce moment historique était propice pour renforcer la lutte pour le droit des Basques à l'autodétermination.

La situation reste paisible en Catalogne, mais elle pourrait également dégénérer. Le chef du gouvernement régional Arthur Mas n'a pas obtenu l'autorisation de Madrid pour l'organisation d'un référendum sur l'indépendance le 9 novembre qui, contrairement à l'Ecosse, n'aurait pas de force juridique. Finalement, la Catalogne se contentera d'organiser le 9 novembre un sondage "sans caractère définitif".

Mais les autorités régionales ne renoncent pas à l'idée d'un référendum à part entière compte tenu de l'opinion de la population locale: dimanche dernier des dizaines de milliers de Catalans ont défilé sous le slogan "Il est temps (pour un référendum)". De plus, l'idée d'une proclamation unilatérale de l'indépendance par le parlement régional gagne en popularité.

Il est peu probable que les autorités espagnoles acceptent un jour de leur plein gré de se séparer d'une partie du territoire du pays. Mais en maintenant la pression sur Madrid, la Catalogne pourrait obtenir de nouveaux pouvoirs, notamment en ce qui concerne la redistribution des impôts.

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