Les îles artificielles, armes secrètes de la Chine

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La Chine crée de nouvelles îles et élargit celles qui existent déjà dans les régions qui font l'objet de litiges territoriaux en mer de Chine du Sud.

D'après la revue militaire influente IHS Jane's Defence Weekly, Pékin tente de créer dans les régions contestées un réseau de fortifications militaires navales et aériennes grâce à cinq nouvelles îles, construites spécialement à l'aide d'un bateau-dragueur géant.

Ces conclusions de l'IHS Jane's Defence Weekly se fondent sur l'analyse de photos prises dans les régions disputées en mer de Chine du Sud par les satellites de l'entreprise spatiale européenne Airbus Defense and Space (ex-EADS, qui a changé de nom début 2014). L'activité des "magiciens" chinois, qui font sortir des îles du sable situé au fond de la mer, se concentre principalement sur l'archipel des Spratleys.

"Ce qui était autrefois un groupe de petites plateformes en béton a été remplacé par de véritables îles avec des ponts pour hélicoptères, des pistes d'atterrissage, des ports et toute l'infrastructure nécessaire pour déployer un grand contingent de troupes, a indiqué à CNN James Hardy, rédacteur en chef de l'IHS Jane's Defence Weekly. Nous sommes certains que la Chine a conçu et met activement en œuvre un programme pour créer un réseau de fortifications au cœur de l'archipel des Spratleys".

Ce dernier est situé dans la partie de sud-ouest de la mer de Chine du Sud et regroupe une centaine d'îles inhabitées, de récifs et d'atolls d'une superficie totale de 5 kilomètres carrés. Il ne connaît pour le moment aucun combat, mais pourrait devenir l'un des points les plus chauds de la planète. Pratiquement la moitié des îles Spratleys accueillent des militaires de la Chine, du Brunei, de la Malaisie, des Philippines, de Taïwan et du Viêt-Nam qui revendiquent l'archipel.

L'IHS Jane's Defence Weekly s'était déjà servi de photos par satellite dans le passé. La revue avait notamment fait sensation en dévoilant l'activité du bateau-dragueur géant Tian Jing Hao, repéré par un satellite fin 2013 — avril 2014 près des récifs de Hughes, de Johnson, de Gaven et Croix de feu près desquels, comme par magie, une piste d'atterrissage de trois kilomètres de longueur était apparue.

Tian Jing Hao travaille 24h sur 24 et 7j/7 pour drainer du fond de la mer près de 4,5 mètres cubes de sable par heure. Sa productivité a permis aux Chinois de changer radicalement la géographie de cinq récifs. Ces transformations sont facilement repérables grâce aux photos du récif de Hugues. Le 1er février 2014, il n'existait à ce niveau qu'une plateforme en béton de 380 mètres carrés. Les photos du 14 août 2014 témoignent d'un remblayage actif de sable, alors que celles du 24 janvier 2015 présentent une véritable île de 75 000 mètres carrés avec des bâtiments en état de construction active. Au printemps ou d'ici l'été 2015, le site pourrait déjà être achevé et remplir des fonctions militaires.

L'infrastructure de toutes les îles reflète un projet du même type: un bâtiment carré principal avec un radar arrondi ou une tour de DCA à ses coins.

Il est à noter que Taïwan, les Philippines et le Viêt-Nam renforcent également leurs positions dans cette région contestée mais que contrairement à la Chine, ils construisent des fortifications sur des territoires existants sans créer de nouvelles îles.

D'un point de vue juridique, la formation de nouvelles îles n'aidera pas Pékin à revendiquer ces territoires disputés car la convention de l'Onu sur le droit de la mer ne traite que des prétentions sur les îles naturelles et pas sur les territoires artificiels. Toutefois, la présence de sites militaires dans la région pourrait être un atout important en cas de conflit militaire dans l'archipel des Spratleys.

Un tel scénario est tout à fait possible. Rappelons que l'apparition d'une plateforme pétrolière chinoise dans la région contestée par le Viêt-Nam en mai 2014 avait provoqué dans ce pays des soulèvements antichinois dont la force et l'ampleur avaient frappé même les autorités de Pékin.

Les récifs de Johnson, de Cuarteron et de Gaven aggravent sans cesse les relations entre la Chine et les Philippines, qui les considèrent comme une partie de leur territoire.

De plus, le récif de Johnson a déjà connu en 1988 un affrontement entre des navires militaires chinois et vietnamiens, qui s'était soldé par des dizaines de morts.

Manille proteste également à haute voix contre les revendications chinoises. Mais Pékin n'a aucune envie de changer sa position traditionnelle, selon laquelle il n'existe aucun litige concernant la souveraineté de ces îles car ces dernières appartiennent tout simplement à la Chine et à personne d'autre.

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