Salaires et défaites sèment la discorde au sein de l’État islamique

© AP PhotoIslamic State militants ride in a Kurdish popular protection unit (YPG) vehicle captured during fighting in Tal Tamr, Hassakeh province, Syria
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L’État islamique traverse une profonde crise interne, écrit mercredi 11 mars le quotidien Kommersant.

Alors que l'offensive des troupes gouvernementales progresse, avec le soutien de la coalition internationale sous l'égide des USA, le prestige de l'EI a considérablement chuté parmi les recrues potentielles. La discipline insuffisante est aggravée par de fréquents conflits entre les mercenaires locaux et étrangers. Toutefois, les experts ne pensent pas que ces complications puissent être fatales au mouvement radical, car leur ampleur est certainement exagérée par les acteurs du conflit.

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Les troupes gouvernementales irakiennes ont annoncé hier la prise de la ville d'Al-Alam, près de Tikrit, après la plus grande opération antiterroriste menée depuis un an. L'offensive contre les positions de l'EI est menée sur trois axes principaux: dans le centre de l'Irak avec des troupes essentiellement chiites; au nord de la Syrie où se trouve l'enclave kurde autour de Kobané; et au nord de l'Irak, près des frontière du Kurdistan irakien. La bataille sur le premier de ces fronts, où se trouve la ville natale de Saddam Hussein, Tikrit, a une importance cruciale: contrairement à d'autres territoires à population kurde, chiite et mixte, ce dernier est majoritairement peuplé par des sunnites. Si des groupes non-sunnites étaient capables de prendre le contrôle de cette zone, l'offensive irait plus loin, dans les profondeurs du califat instauré dans les régions Est de la Syrie et les régions Ouest de l'Irak principalement peuplées par des sunnites.

Ces dernières semaines l'EI a subi des pertes territoriales et humaines considérables. Selon les services de renseignements occidentaux, l'offensive contre les islamistes en Irak et en Syrie a tué 20 000 combattants étrangers et plusieurs milliers de combattants locaux. Encore 8 500 ont péri ces dernières semaines, selon le Pentagone, dans les raids aériens de la coalition internationale.

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Les défaites démotivent les recrues potentielles — notamment parmi les jeunes qui jusqu'à récemment voyait le travail pour l'EI presque comme l'unique moyen de gagner de l'argent. Le "salaire" d'un mercenaire de l'EI avoisine en effet 800 dollars, selon The Washington Post. Cependant, la réticence à se retrouver à l'avant des combats contre les unités chiites, qui se sont significativement renforcées grâce au soutien de l'Iran, ainsi que la peur face aux exécutions sanglantes pratiquées par l'EI également contre ses propres membres, commencent à peser plus lourd que la volonté d'obtenir régulièrement cette somme d'argent, très conséquente pour la région.
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Autre problème de l'EI: la division, dans ses rangs, entre les mercenaires étrangers et locaux. Les cas d'infraction à la discipline sont devenus de plus en plus fréquents, notamment parce que les locaux contestent les salaires plus élevés et les conditions plus favorables accordés par l'EI aux étrangers. D'autant que ces derniers sont essentiellement déployés dans les villes qui ne sont pratiquement pas attaquées par la coalition étrangère, tandis que les locaux doivent combattre à l'avant-garde dans les régions rurales. Cette situation entraîne des règlements de compte entre les combattants. Ces dernières semaines, l'EI a condamné "selon la charia" et exécuté 120 de ses membres, ce qui témoigne également d'une détérioration de la discipline au sein du mouvement.

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Toutefois, les experts appellent à ne pas tirer de conclusions hâtives, car il est difficile d'apprécier la situation réelle au sein de l'EI. "L'organisation a des problèmes, provoqués par les pertes tactiques, la concurrence entre les chefs de guerre ou encore les perturbations du financement", explique Teodor Karassik, expert chez Risk Insurance Management. Et d'ajouter: "Mais il faut se méfier des informations sur l'EI. C'est une jeune organisation très populaire. Elle est très active dans le recrutement de nouveaux cadres. Mardi, les islamistes ont créé leur propre réseau social. D'autre part, la guerre médiatique se poursuit et les forces intéressées promettent des succès dans la lutte contre l'EI. Les données des services de renseignements sur l'état réel des choses au sein de l'organisation sont également très maigres".

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