En Europe, on tente de mettre Gazprom à l'écart

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Le refus du géant énergétique allemand Wintershall d'organiser sa conférence de presse annuelle traditionnelle a été une surprise pour les médias mondiaux et a suscité de nombreuses rumeurs, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Après tout le PDG du holding, Rainer Seele, est également président de la Chambre germano-russe du commerce extérieur, et son refus de s'exprimer devant les médias est révélateur de la situation complexe des relations entre la Russie et l'Europe.

L'abandon du projet South Stream vu par les Européens - Sputnik Afrique
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L'abandon du projet South Stream vu par les Européens
Les entrepreneurs allemands interrogés estiment que le refus de donner une conférence de presse cache généralement une réticence à répondre aux questions épineuses. Ces dernières auraient pu être nombreuses, notamment concernant la stagnation des relations économiques germano-russes et les récentes pertes de Wintershall suite aux sanctions décrétées par Bruxelles contre la Russie. Le géant allemand a subi à la fois deux attaques douloureuses: le blocage par Bruxelles de la construction du gazoduc South Stream (Wintershall devait être l'opérateur de la partie maritime du gazoduc) et de l'abandon de la transaction pour un échange d'actifs avec Gazprom à cause de la situation politique tendue en Europe. D'après Rainer Seele, "il y a eu des signaux clairs de l'Europe, qui n'ont pas été salués par Gazprom en tant qu'investisseur".

Рабочие на подземном хранилище газа - Sputnik Afrique
Expert: l'UE doit poursuivre sa coopération énergétique avec la Russie
Bruxelles met aujourd'hui le cap sur la sécurité énergétique du continent, par le biais d'une diversification des fournitures de gaz grâce aux fournisseurs de la région Caspienne, l'Iran, l'Irak, les pays du Moyen-Orient et même les USA et l'Australie. Au final, il est question de réduire significativement la part actuelle du gaz russe dans la balance gazière européenne, qui représente aujourd'hui 30% du marché, voire d'expulser complètement Moscou d'Europe. Dans le même temps, Bruxelles oublie qu'aujourd'hui la part des pays européens dans les fournitures gazières russes s'élève à 70%. Il est clair que le retrait du système d'approvisionnement de l'Europe en hydrocarbures aurait des conséquences financières gravissimes pour Moscou. Car la sécurité énergétique européenne, garantie par la diversification, pourrait tourner au boycott général pour les fournisseurs russes. La possibilité d'une telle option est illustrée par l'exemple de la Lituanie, qui remplace le gaz russe par du gaz liquéfié plus cher acheté en dehors de l'Europe. Les politiciens lituaniens voient dans cette solution économiquement très désavantageuse pour le pays (la population doit tout simplement payer davantage pour les hydrocarbures consommés) "le prix de l'indépendance".

Мужчина смотрит на флаг Евросоюза - Sputnik Afrique
L'UE divisée sur les sanctions antirusses
En ce sens, la création d'une union énergétique européenne unie, promue par Bruxelles, comporte le risque d'un blocus total de la Russie en tant que fournisseur d'hydrocarbures. Car si la gestion de l'approvisionnement énergétique était subtilisée aux gouvernements nationaux pour être transférée à Bruxelles, cela créerait les conditions pour liquider le marché et interpréter toute possibilité de fournitures en Europe à partir de positions purement politiques. Il est évident alors que dans certaines conditions, il serait politiquement plus rentable d'acheter le GNL transatlantique, plus cher, que le gaz bon marché acheminé par les gazoducs.

Les sanctions ont divisé l'Europe et, visiblement, pour longtemps. Elles s'apparentent de plus en plus à une guerre qui pourrait anéantir le système économique mondial si elles étaient appliquées à long terme.

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