La Chine creuse sous l'Everest

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Un projet de chemin de fer au Népal pourrait aggraver la rivalité entre la Chine et l'Inde, écrit vendredi le quotidien russe Nezavissimaïa gazeta.

Ce projet semble relever du fantastique. Cependant, la presse officielle de Pékin a bien annoncé que la Chine menait des négociations avec le Népal sur la construction d'une voie ferrée sous le mont Everest. Les Chinois ont déjà construit une artère ferroviaire à une altitude de 4 000 à 5 000 m, reliant Lhassa, la capitale du Tibet, avec l'arrière-pays. D'après le journal China Daily, dans cinq ans cette voie sera proongée jusqu'à la frontière avec le Népal, à la demande de ce dernier, puis plus loin sur son territoire. Selon les experts, ce projet pourrait inquiéter l'Inde.

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Au cours de sa visite dans la capitale du Népal Katmandou, en décembre dernier, le ministre chinois des Affaires étrangères Wan Yi a affirmé que la ligne pourrait être prolongée jusqu'à Katmandou, créant ainsi un lien vital entre la Chine et l'énorme marché de l'Inde. Mais pour réaliser ce projet, il faudra probablement construire un long tunnel sous le mont Everest. La topographie de l'Himalaya fait que le train devra, de temps en temps, gravir une pente. La vitesse maximale du train ne dépassera donc pas 120 km/h.

Dans son interview à Nezavissimaïa Gazeta, le chercheur en chef de l'Institut de l'Extrême-Orient de l'Académie des sciences de Russie, Iakov Berger, fait remarquer que les Chinois ont appris à construire dans les montagnes des structures d'ingénierie complexes. Par exemple, la ligne ferroviaire Qinghai-Tibet qui part jusqu'à la ville de Lhassa vers le plateau à 4000-5000 m d'altitude — a demandé beaucoup d'efforts et d'argent. Selon l'expert, cette ligne a plus une importance stratégique que commerciale, et le projet d'étendre la voie à Katmandou serait aussi, avant tout, stratégique.

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La ligne, à Lhassa, n'est pas très chargée — car il n'y a pas grand-chose à transporter. De l'autre côté, la liaison ferroviaire est nécessaire pour le transport de troupes. "Si jamais il y a des troubles au Tibet, ils seront ainsi immédiatement étouffés", explique Berger.

"Toutes les voies sont construites selon le même plan, dit l'expert. La Chine a choisi la construction de lignes ferroviaires, notamment à grande vitesse, comme moyen d'établir son hégémonie économique dans cette partie du monde. La Chine a l'expérience, les technologies et l'argent nécessaires. Elle a choisi la construction ferroviaire comme son instrument géopolitique".

En même temps, la Chine crée la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures et promeut l'idée de la Route de la Soie. Tout cela acquiert déjà un caractère commercial. Il existe également un projet de livraison des marchandises de la Chine vers l'Europe occidentale par chemin de fer via le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie, la Pologne et l'Allemagne. "Les Chinois pensent financer le tronçon Moscou-Kazan. Je crois que cela va se faire partie par partie, et pas selon un plan commun. En même temps, les Chinois sont prêts à impliquer la Russie dans ce genre de projets. Mais Moscou n'est pas vraiment en mesure d'y participer", conclut l'expert.

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Les médias chinois relient le nouveau projet de l'Himalaya avec celui de la formation de la prétendue ceinture économique de la Route de la Soie. Le président du Népal, Ram Baran Yadav, a exprimé l'espoir que la future ligne ferroviaire stimulerait le tourisme et le commerce avec la Chine.

Cependant, les projets de Pékin suscitent des inquiétudes à Delhi, qui considère la Chine comme un allié de fait du Pakistan. En même temps, la Chine cherche à gagner une forte influence au Népal, au Sri Lanka et dans les Maldives. Selon les politologues indiens, il s'agit d'une tentative d'encercler l'Inde, ce à quoi cette dernière s'oppose. L'année dernière, le premier ministre Narenda Modi a promis d'augmenter les investissements indiens en Asie du Sud et d'ouvrir davantage le marché indien aux produits des pays voisins.

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