Migrants: la police britannique à Calais

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La France et le Royaume-Uni ont signé jeudi un accord pour régler la crise migratoire dans la ville de Calais, où près de 3 000 réfugiés d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie vivent dans des conditions de catastrophe humanitaire en espérant pouvoir traverser la Manche.

Pour lutter contre les réseaux de contrebande, Londres allouera 10 millions d'euros sur deux ans et renforcera la coopération policière avec Paris. Les experts y voient surtout des mesures superficielles et pensent que l'Union européenne n'a pas encore de réponse adéquate aux défis migratoires.

Les ministres de l'Intérieur français et britannique Bernard Cazeneuve et Theresa May ont signé à Calais un accord pour renforcer la sécurité de l'Eurotunnel, améliorer les conditions humanitaires dans les camps de migrants, à placer sous une protection les femmes et les enfants, à adopter des programmes d'incitation et de contribution au retour des gens dans leur pays d'origine, à accroître l'efficacité de l'examen des requêtes d'asile et surtout — à mettre au point la lutte contre les criminels qui font traverser la Manche aux migrants. Des contrebandiers de Londres ont par exemple demandé 1,200 livres pour faire traverser un migrant de Calais à Douvres. Les malfaiteurs créent à Calais leurs propres camps et utilisent des voitures immatriculées en Grande-Bretagne pour traverser l'Eurotunnel.

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Conformément à l'accord, la police britannique se rendra à Calais pour travailler avec les forces de l'ordre françaises dans un centre conjoint de commandement et de contrôle. Le plan implique l'envoi d'unités de police française supplémentaires, une fouille plus minutieuse des véhicules, l'installation de nouvelles clôtures le long de la voie ferrée, de caméras et de dispositifs d'éclairage, ainsi que l'utilisation de technologies de détection infrarouge.

La crise de Calais n'est qu'un épisode du drame migratoire qui frappe tous les pays de l'UE. Bernard Cazeneuve s'est rendu hier soir à Berlin pour rencontrer son homologue allemand Thomas de Maizière et soulever la question de la politique d'immigration en Europe. Le ministre allemand a annoncé mercredi de nouvelles mesures devant permettre à l'Allemagne de pallier la plus grande affluence de migrants depuis la fin de la guerre. La chancelière allemande Angela Merkel a averti dimanche que la crise migratoire pourrait s'avérer plus dangereuse que celle de la dette grecque.

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Iouri Roubinski, directeur du Centre d'études français à l'Institut de l'Europe affilié à l'Académie des sciences de Russie, note que les parties n'ont toujours pas trouvé la recette pour résoudre les origines de la crise migratoire à Calais, d'où part l'Eurotunnel qui relie le continent et le Royaume-Uni. "Dans les pays que fuient les migrants, la situation est hors de contrôle, des choses horribles s'y passent, on assiste à une véritable catastrophe humanitaire liée à l'effondrement des institutions publiques. Il n'est pas question de l'ensemble du Tiers monde, mais d'une région assez concrète passant de la Corne d'Afrique à la frontière turque. Par ailleurs, les gens ne fuient pas uniquement les zones de conflits armés: d'autres raisons peuvent les pousser à partir", explique l'expert.

Mais pourquoi le Royaume-Uni est-il une destination si prisée? Iouri Roubinski pense que les Britannique récoltent les fruits de leur politique de multiculturalisme: "Les ressortissants d'anciennes colonies britanniques — l'Inde, le Pakistan, le Bangladesh — avaient autrefois la possibilité de constituer une représentation de leurs intérêts collectifs. Des diasporas structurées se sont finalement formées, qui apportent à leurs compatriotes un soutien prenant des formes incontrôlables. Alors que la France a toujours nié le droit des communautés ethniques à une représentation".

L'expert conclut que dans le cas de la crise de Calais, la Grande-Bretagne — principal pays d'accueil —, la France, principal pays de transit, et l'Allemagne — banquier central et usine de l'UE — n'arrivent pas à régler le problème migratoire et n'ont même pas la moindre idée de ce qui pourrait être fait. Le désarroi règne.

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