Le vice-président américain en Ukraine pour une "visite d'inspection"

© AP Photo / Steven SenneLe vice-président américain Joe Biden
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Le vice-président américain Joe Biden s'est rendu en Ukraine les 7 et 8 décembre pour sa quatrième visite d'inspection depuis novembre 2013.

Sa présence devait surtout montrer au peuple ukrainien et au reste du monde que l'Ukraine restait au centre de l'attention de Washington indépendamment des événements en Syrie. Cependant, il ne fait pas l'ombre d'un doute que la principale mission de Biden était plus concrète — donner sa "bénédiction" au remaniement de l'exécutif ukrainien, voire au remplacement du premier ministre Arseni Iatseniouk dont l'immunité arrive à échéance le 11 décembre.

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Mi-novembre déjà, le député du Bloc de Petro Porochenko Sergueï Lechtchenko, considéré ouvertement comme un proche de l'ambassade des USA en Ukraine, avait déclaré sans ambages que Biden déciderait lui-même si un nouveau premier ministre et un nouveau procureur général seraient nommés en Ukraine, après s'être entretenu avec tous les candidats.

Le ton de cette déclaration ne promettait rien de bon pour Arseni Iatseniouk. Le député Lechtchenko notait alors que le vice-président américain avait mis en garde le premier ministre ukrainien concertant le caractère inadmissible de la corruption, et que le plus beau cadeau qu'il pourrait lui faire serait de mettre "quelques grands poissons corrompus derrière les barreaux". Le 2 décembre Lechtchenko a confirmé, pour les durs d'oreille, que la visite de Biden à Kiev serait une "douche froide pour les politiciens corrompus au pouvoir", en soulignant que les représentants du gouvernement américain étaient mieux informés sur les opérations des représentants politiques ukrainiens corrompus que les députés ukrainiens eux-mêmes. Lechtchenko a alors annoncé que Biden tiendrait un discours au parlement ukrainien.

Pendant sa visite, le vice-président américain ne s'est pas prononcé directement sur le sort du premier ministre ukrainien mais y a fait plusieurs allusions. Par exemple, à l'issue de son entretien avec Porochenko, il a clairement laissé entendre que Washington se réjouissait "au moins" de la situation économique ukrainienne (un clin d'œil à la ministre des Finances Natalia Iaresko, à qui on avait déjà promis le poste de premier ministre).

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Devant le parlement, Biden s'est catégoriquement exprimé contre la corruption (clin d'œil à l'ex-président géorgien Mikhaïl Saakachvili, aujourd'hui gouverneur de la région d'Odessa en Ukraine). "Aucun pays au monde ne connaît de corruption aussi florissante qu'en Ukraine", a-t-il souligné. Toutefois, ses recommandations sont restées très générales: créer des tribunaux indépendants, forcer les oligarques à payer des impôts, etc.

Biden s'est également entretenu avec Iatseniouk en tête-à-tête, mais aucun commentaire officiel n'a été prononcé à l'issue de leur rencontre. Le premier ministre s'est efforcé de donner l'impression que tout allait bien en disant que "les parties avaient évoqué toutes les questions centrales à régler en Ukraine le plus vite possible", et surtout que "la position de l'administration américaine coïncidait entièrement avec celle du gouvernement ukrainien".

Jusqu'à un certain point, le discours de Joe Biden au parlement ukrainien était parfaitement prévisible. Le vice-président a souligné que "Washington ne reconnaîtrait jamais l'annexion de la Crimée" et que "les USA et l'Europe feraient pression sur Moscou tant que la Russie ne remplirait pas ses engagements dans le cadre des accords de Minsk sur le règlement du conflit dans le Donbass". Dans le silence total, Biden a indiqué que "l'Ukraine devait avoir un budget coïncidant avec ses engagements auprès du FMI".

Mais au sujet de la décentralisation, Biden a créé la surprise après avoir mentionné que le transfert des pouvoirs de la capitale vers les localités était la "meilleure pratique européenne", en déclarant soudainement: "Il est important qu'il existe des États autonomes et indépendants qui règlent leurs propres problèmes, qui déterminent leur propre système d'éducation, un gouvernement dans le cadre d'une Constitution commune". Il s'agissait ici d'un véritable appel à la fédéralisation du pays, qui contraste avec la position adoptée jusqu'ici par les USA sur la répartition des pouvoirs en Ukraine.

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