Primaire de la droite: le pro-russe François Fillon crée la surprise

© AFP 2023 Charles PlatiauFrançois Fillon
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L'ancien premier ministre français François Fillon, pro-russe, est en tête de la primaire de la droite en France. L'ex-président Nicolas Sarkozy a fini en troisième position au premier tour.

Les experts prédisent déjà une victoire de François Fillon au second tour, qui lui permettrait de représenter Les Républicains à l'élection présidentielle de 2017.

Le taux de participation était inhabituellement élevé pour ce premier tour : les experts prédisaient une participation d'environ 1 % de la population en âge de voter, mais 4 millions de citoyens se sont rendus aux urnes, soit 6 % des Français.

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Ce grand intérêt des citoyens français pour les élections a apporté son lot de surprises. L'ex-président Nicolas Sarkozy était considéré comme le favori de la course mais est arrivé seulement troisième, devancé par les ex-premiers ministres François Fillon et Alain Juppé qui s'affronteront au second tour dimanche prochain.

Nicolas Sarkozy a déjà reconnu sa défaite et s'est dit prêt à soutenir François Fillon. Comment peut-on expliquer un tel échec ? Entré à grands pas dans la politique française, Sarkozy était ministre de l'Intérieur et perçu par la population comme le futur président de l'espoir, prêt à régler les problèmes actuels des Français. Il promettait de rétablir l'ordre sur une question particulièrement sensible, la politique d'immigration, ainsi que de mener une ligne politique et économique indépendante. Cependant, il n'a tenu aucune de ses promesses de campagne. Au contraire, il s'est contenté de suivre loyalement les intérêts des États-Unis en participant, par exemple, aux coalitions américaines contre les pays arabes. Son heure de gloire a été la campagne contre Mouammar Kadhafi en Libye, qui, comme il s'est avéré par la suite, avait financé sa campagne présidentielle. L'opération s'est soldée de facto par la défaite de la France, qui a été submergée d'un afflux de réfugiés en provenance de Libye. Au final, Sarkozy a été reconnu comme le président le plus faible et le plus conciliant de la Ve République. Pour sa part, François Hollande, qui lui a succédé, s'est révélé encore pire que son prédécesseur. Il a oublié les idéaux d'autonomie de la France et s'en est tenu à la ligne américaine sur les questions géopolitiques — par exemple, dans l'épopée de la livraison des Mistrals en Russie, le soutien des sanctions antirusses, la loi travail, etc.

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De toute évidence, Nicolas Sarkozy espérait pouvoir regagner ses positions perdues en se basant sur le terne bilan de son successeur. L'ancien président a commencé à faire des déclarations dures concernant la migration et le rétablissement d'une France forte. Néanmoins, il cherchait à éviter les thèmes complexes comme les relations avec la Russie, la loi travail et la politique à l'Est. Alors que François Fillon, au contraire, adoptait une position très claire sur ces sujets dans les débats diffusés partout en France, prônant la levée des sanctions contre la Russie, l'amélioration des relations avec cette dernière, une réécriture de la loi sur l'immigration, une lutte déterminée contre Daech (groupe terroriste interdit en Russie) et non contre Bachar el-Assad, comme le voulait Hollande. Sur ce contraste, François Fillon a réussi à s'assurer le soutien de 44 % des votants, alors que l'élite française avait misé sur Sarkozy.

L'ancien premier ministre est partisan d'une intégration européenne qui suppose la création d'une Europe forte capable de concurrencer les grandes puissances comme les États-Unis, la Russie et la Chine. Il se distingue également par une vision plutôt positive de la Russie. L'auteur de ces lignes a vu François Fillon il y a quelques années, au forum politique d'Iaroslavl, où il communiquait très amicalement avec l'ex-président russe Dmitri Medvedev. À l'époque, il se montrait déjà comme un politique prorusse. Sa position n'a pas changé aujourd'hui, en dépit des sanctions, du rattachement de la Crimée à la Russie et bien d'autres dossiers.

C'est à Fillon que les sociologues prédisent la victoire au second tour de la primaire. On estime également que son principal adversaire à la présidentielle de 2017 sera Marine Le Pen, présidente du Front national, également soutenue par la population et considérée comme prorusse. En d'autres termes, quelle que soit issue de l'élection en France, il semble qu'elle sera favorable pour la Russie. Nous assistons ces derniers temps à un changement de priorités politiques en Europe et dans le monde. Le premier signal était le Brexit, le deuxième le triomphe de Donald Trump à la présidentielle américaine, et maintenant nous constatons une nouvelle répartition des forces à l'élection française. De nouveaux représentants politiques arrivent, avec qui il sera facile pour le président russe Vladimir Poutine de parler la langue du respect et des intérêts réciproques.

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