Huit causes expliquant la plupart des accidents sur les porte-avions

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Un second chasseur du groupe aéronaval russe vient de s'écraser en Méditerranée. Selon les informations officielles, le Su-33 du 279e détachement de chasse navale est tombé du pont du porte-avions pendant la phase d'atterrissage alors qu'il revenait de mission.Passage en revue des principales causes d'accident dans l'aviation embarquée.

Un travail dangereux

Les chasseurs du porte-avions russe pourraient aller sur la base de Hmeimim en Syrie - Sputnik Afrique
Les chasseurs du porte-avions russe pourraient aller sur la base de Hmeimim en Syrie
Les avantages des porte-avions sont flagrants: cet aérodrome mobile capable de parcourir entre 300 et 500 miles en une journée apporte à la flotte couverture, reconnaissance, base de défense anti-sous-marine et capacités offensives — y compris en territoire ennemi avancé. Un tel navire a aussi les défauts de ses qualités: les avions doivent décoller et atterrir sur un espace très réduit qui, de plus, se déplace et n'est pas stable. La grande partie de tous les incidents de vol se produisent précisément pendant le décollage et l'atterrissage, et c'est d'autant plus justifié pour l'aviation embarquée.

Quelles sont les principales causes des incidents dans l'aviation embarquée?

Un ratage ou une rupture du câble de la barrière d'arrêt

Compte tenu de la longueur réduite du pont, les avions atterrissent sur les porte-avions grâce à une barrière d'arrêt. Des câbles sont tendus en travers de sa trajectoire (quatre en général) pour accrocher le cran de l'avion lors de l'atterrissage. Ce dernier est réalisé plein gaz pour avoir la possibilité de repartir en cas de ratage, mais cela n'aide pas toujours et les avions tombent régulièrement dans l'eau faute d'avoir réussi à prendre de la vitesse. Les dysfonctionnements de la barrière d'arrêt occupent la première place dans le classement des causes d'incidents dans l'aviation embarquée.

Une vitesse verticale trop élevée

L'atterrissage sur un porte-avions se déroule dans des conditions très extrêmes en termes de cap, de vitesse horizontale et verticale. L'impact avec le pont à une vitesse trop importante peut conduire à la brisure du châssis, voire à la perte de l'appareil ou de plusieurs.

Le choc avec la rampe

le porte-avion russe Amiral Kouznetsov - Sputnik Afrique
Un chasseur rate son atterrissage sur le porte-avions russe Amiral Kouznetsov
Une approche trop élevée pour un pilote de l'aviation embarquée signifie très probablement un second tour pour une autre tentative. Une approche trop basse peut conduire à l'impact avec la rampe. Depuis les années 1930, les pilotes de l'aviation embarquée sont guidés par des lumières qui indiquent au pilote qu'il se trouve sur le bon axe ou qu'il est trop haut ou trop bas. Mais cela ne garantit pas toujours un bon atterrissage, notamment compte tenu du vent et du tangage. En cas d'atterrissage « à la limite de l'acceptable », les incidents de vol sont tout à fait envisageables.

Un avion mal attaché

Une autre cause de perte est un avion/hélicoptère mal attaché lors des opérations intensives, qui entraîne sa chute dans l'eau. Pour y remédier, les équipes de bord s'entraînent continuellement, mais la fatigue et l'inattention prennent parfois le dessus.

Une collision

En roulant. Au décollage. A l'atterrissage. Les avions et les hélicoptères entrent en collision entre eux, avec les superstructures et avec des individus distraits. Le principal moyen de prévention est une bonne organisation de travail sur le pont et l'agencement même des porte-avions modernes. Tout d'abord, pour séparer les appareils qui atterrissent de ceux qui ont déjà rejoint le navire, on a inventé un pont angulaire dont l'axe est dévié par rapport à celui du navire. Cela permet à l'avion en approche de repartir pour un second tour en cas de ratage sans avoir besoin de tourner hors du bord, comme c'était le cas sur les porte-avions dans les années 1920-1940.

Avec le temps, les ponts des porte-avions ont adopté des architectures complexes avec des emplacements pour les appareils dans tous les cas envisageables. Avec une bonne préparation des équipes de bord, cela permet de réduire la probabilité d'accidents, sans pour autant les exclure complètement.

Le changement de cap du navire

Un porte-avions qui reçoit ou fait décoller les avions doit garder un cap parfaitement droit, l'objectif de l'escorte consistant à couvrir le bâtiment principal du groupe au moment où il ne peut pas manœuvrer. Tout obstacle apparaissant subitement dans ces conditions risque de provoquer des conséquences très graves. En temps de paix, ce risque n'est pas aussi élevé mais en temps de guerre plusieurs avions ont été perdus car au moment de l'atterrissage ou du décollage le porte-avions devait changer de cap — par exemple, quand il découvrait des torpilles en approche.

Une panne des moteurs

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Le décollage et l'atterrissage sur un porte-avions se déroulent plein gaz: dans le premier cas, pour développer une vitesse maximale rapidement en plus de la vitesse du navire, ainsi que grâce aux catapultes ou aux tremplins; dans le second cas pour assurer une reprise de vitesse en cas d'approche manquée. Le fonctionnement des moteurs en postcombustion provoque parfois des pannes mais dans l'aviation embarquée, une telle panne peut coûter bien plus cher que sur un aérodrome au sol.

Les conditions météorologiques

Les conditions météorologiques extrêmes sont chose courante en mer et augmentent le risque d'accident: une forte tempête, des rafales de vent, un brouillard ou un ciel couvert avec d'autres facteurs peuvent être très dangereux.

Que faire?

La prévention des accidents dans l'aviation est permanente, et l'aviation embarquée ne fait pas exception. Il est probablement impossible de les prévenir complètement mais il faut tendre vers cet objectif. Pratiquement, l'unique moyen permettant de réduire l'incidence des facteurs aléatoires est d'empêcher l'impact des facteurs prévisibles. Cela passe par l'entraînement du personnel: des pilotes, des équipes embarquées, de l'équipage du navire et de la direction des unités aériennes et des unités aéronavales. 

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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