« Du point de vue de la communauté professionnelle du renseignement, la gloire de Mata Hari dépasse largement ses mérites », nuance l'écrivain historien Mikhaïl Lioubimov, colonel du Service de renseignement militaire.
« Mata Hari, comme on dirait aujourd'hui, a été très médiatisée — aussi bien à son époque que plus tard. Elle était surtout une personnalité sortant de l'ordinaire, qui a été démasquée pendant la Première Guerre mondiale et fusillée en temps de guerre. Mais les informations qu'elle récoltait n'avaient probablement que peu d'utilité réelle (ou de capacité de nuisance) », explique-t-il.Au regard du mode de vie de la Néerlandaise Margaretha Zelle (le vrai nom de Mata Hari), il n'est pas étonnant qu'elle ait finalement décidé de s'attaquer aux "affaires sérieuses" — comme décrivait l'espionnage Chris de Burgh dans sa chanson:
« L'espionnage est une affaire sérieuse. J'en ai assez. Une jeune fille qui danse me fait les yeux doux. Je suis sûr qu'elle travaille pour le KGB dans ce paradis froid comme la glace. »
Car hormis ses employeurs secrets, Mata Hari était connue de tous comme une strip-teaseuse célèbre au passé chargé de tragédies personnelles (décès de ses deux enfants, mari alcoolique et libertin, etc.).
« La popularité de Mata Hari a été préparée bien avant que sa double vie secrète soit révélée. Rien d'étonnant à ce que ses "succès" dans l'espionnage soient devenus partie intégrante de sa légende — or toute légende ne correspond pas vraiment à la réalité. Si elle n'avait pas été fusillée, on ne s'en souviendrait pas aujourd'hui », résume Mikhaïl Lioubimov.
Le phénomène Mata Hari est également dû au fait que si elle n'avait pas été séduisante, personne hormis les services de renseignement n'aurait noté l'échec de son travail d'espionnage. Dans le même temps, elle n'aurait probablement pas non plus réussi à s'introduire dans les bureaux (plus souvent dans les chambres) des hauts fonctionnaires détenant des secrets d'État des deux côtés du front (car Mata Hari était citoyenne d'un État neutre).
Elle a même réussi à transformer sa propre exécution en spectacle, refusant de s'y rendre sans un petit-déjeuner. Selon les rumeurs, elle avait même commandé un « costume spécial pour l'exécution ».
La saga de Mata Hari n'est pas la première ni la dernière histoire d' « espionnage féminin ». L'espionne Milady de Winter a quant à elle été rendue célèbre grâce au talent d'Alexandre Dumas. Aujourd'hui, c'est la Russe Anna Chapman qui a repris le flambeau — sauf qu'elle n'a pas encore trouvé son Dumas pour écrire sa légende…
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