Libérer Raqqa - et après?

© Sputnik . Russian Defence Ministry / Accéder à la base multimédiaLes provinces syriennes de Raqqa et d'Alep (archives)
Les provinces syriennes de Raqqa et d'Alep (archives) - Sputnik Afrique
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Les États-Unis et leur coalition antiterroriste sont en passe de reprendre Raqqa à l'organisation terroriste Daech (interdite en Russie), écrit lundi l'agence de presse Regnum.

En revanche, on ignore quelle sera la politique des USA après la libération de cette ville syrienne devenue la "capitale" du "califat" autoproclamé par les islamistes, ou même quelle est la position générale de Washington vis-à-vis de la Syrie, écrit Daniel DePetris dans un article pour le National Interest.

Les combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS) au nord de Raqqa - Sputnik Afrique
Coincés, des commandants de Daech s'enfuient de Raqqa
L'auteur souligne qu'en dépit de ses défauts, l'administration de Donald Trump a intensifié la lutte contre les islamistes en déléguant de grands pouvoirs aux commandants sur le terrain et en réduisant les aspects bureaucratiques qui gênaient, selon les militaires, le déroulement de l'opération sous l'administration Obama. Le nouveau président a décidé de déployer les unités d'artillerie d'infanterie de marine américaine au nord de la ville assiégée pour fournir un appui aux Forces démocratiques syriennes (FDS) en progression. D'une manière ou d'une autre la ville sera prise, sachant que Washington a encore besoin d'un plan adéquat car un recours trop actif aux unités kurdes pourrait nuire aux relations turco-américaines.

Néanmoins, on ignore toujours quelle sera la politique de la Maison blanche après la prise de la ville et s'il existe un plan d'action pour cette période.

Il est donc temps pour les représentants américains, aussi bien diplomatiques que militaires, de se réunir et de créer un groupe interdépartemental de travail qui déterminera si la victoire contre Daech sera définitive ou si elle découlera sur un vide du pouvoir dont pourra profiter un autre groupuscule.

Ni l'administration américaine ni les partenaires de la coalition menée par les USA n'ont répondu à la question de savoir qui contrôlerait Raqqa après la défaire de Daech. Washington semble s'être fait à l'idée que le contrôle, le rétablissement de l'ordre et la reconstruction post-conflit seraient pris en charge par un certain conseil composé d'autochtones de la région. On prend à titre d'exemple la ville de Manbij où Daech a été défait et où la force qui a libéré la ville a rapidement créé un organisme ayant immédiatement commencé à faire revenir les habitants dans leur maison, à apporter une aide humanitaire et à assurer un minimum d'ordre public.

Un militaire américain dans la province de Raqqa - Sputnik Afrique
«Les USA ne libèrent Raqqa que pour diviser la Syrie»
Reproduire cette transition réussie à Raqqa nécessite une préparation intense — la question plus fondamentale étant de savoir ce qu'il adviendra de la Syrie en général. Jusqu'à présent, l'administration Trump a évité de soulever la question du président syrien Bachar al-Assad et de son "régime". La politique officielle des USA en Syrie reste de soutenir le processus de négociations mené par les Syriens dans le cadre duquel Damas et l'opposition pourront créer un gouvernement de transition acceptable pour toutes les parties.

Washington continue d'estimer que le plan défini par la résolution 2254 de l'Onu est la seule solution possible, pendant que l'envoyé spécial des USA pour la Syrie Michael Ratney, resté en poste après le départ de l'administration d'Obama, continue d'entretenir un contact avec son collègue de l'Onu Staffan de Mistura afin d'aboutir à un progrès dans le cadre du processus de Genève.

Ainsi, après l'opération de libération de Raqqa l'administration Trump devra choisir entre devenir un garant plus ferme des négociations de Genève dans le cadre de la ligne de l'ancienne administration — ce qui impliquerait d'exiger le départ d'Assad à l'issue du processus de transition — ou adopter une ligne plus réaliste et renoncer à cette exigence. Il est également possible que la Maison blanche laisse l'Onu, la Russie et la Turquie régler la question syrienne, s'en lavant les mains après un an de négociations sans résultat. La principale question est de savoir dans quelle mesure l'avenir politique de la Syrie est important pour les USA.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

 

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