Le Souverain pontife a promis il y a quelques mois qu'il réfléchirait à autoriser l'ordination des hommes mariés, mais qu'il n'était toujours pas prêt à autoriser le mariage pour les membres du clergé ayant déjà fait vœu de chasteté.
"L'amour pour Dieu et l'amour pour une femme n'entrent pas en contradiction, affirme Alberto Stucchi, 61 ans. L'amour peut être partagé comme un gâteau: un morceau pour Dieu, un autre pour la personne aimée". En 2001, le prêtre Alberto rencontrait Elena. Il parle d'elle comme d'une "fleur ouverte" qui a laissé pousser ses racines dans son cœur quelques mois plus tard. Aujourd'hui cette comparaison est plus pertinente que jamais: depuis plusieurs années il dirige la société horticole Il Giardiniere dell'anima ("Le Jardinier de l'âme").
Avant qu'il ne soit trop tard, Alberto et Elena n'ont-ils pas essayé de lutter contre l'amour qui les a frappé sans prévenir? "Non, nous réfléchissions à ce que nous pouvions faire". Le prêtre et la paroissienne, aussi bien ensemble que séparément, ont tenté de dialoguer avec la direction de l'Église pour expliquer l'absurdité que constituait à leurs yeux le célibat en tant qu'engagement: "Ce n'est pas un dogme mais une règle inventée par des hommes. Elle a un sens plus pratique que théologique". Le couple n'a rencontré aucune compréhension ni disposition au dialogue. Mais il a reçu un conseil assez surprenant. "Il existe le principe d'Augustin: aime et fais ce qu'il te plaît. Alors on m'a dit de faire ce que je voulais, mais en cachette. On cache un vol ou un meurtre, mais pas l'amour!" Alberto s'interroge: pourquoi faudrait-il renoncer à ce qu'on confesse?Selon lui, après avoir rencontré Elena il a commencé à prier plus activement et à se sentir plus en confiance quand elle était présente pendant la messe, à mieux comprendre ceux qui venaient se confesser à lui ou demandaient simplement un conseil.
"C'est une femme dans tous les cas"
Une expression en italien dit "c'è una donna in ogni caso", qui signifie quelque chose comme "c'est une femme dans tous les cas". Il y a trois ans, une nouvelle vague de débats sur le vœu de chasteté obligatoire a été soulevée par 26 Italiennes qui ont appelé le pape à annuler le célibat. C'est leur lettre qui a relancé en Italie et ailleurs les débats entre les catholiques non seulement sur les principes moraux, les règles religieuses et les valeurs familiales, mais également sur les "sceaux spirituels" et les "fondements ébranlés".
Rien qu'en Italie, selon les estimations, entre 6 000 et plusieurs dizaines de milliers de prêtres auraient quitté l'Église pour se marier ces dernières années. Les 26 auteures opposées à l'"hypocrisie" et au "problème douloureux d'un choix" ne sont pas les premières à faire connaître leur révolte: il y a sept ans une telle lettre avait été envoyée par 40 femmes à Benoît XVI. Dans les deux cas, elles ont été accusées de concupiscence et de trahison. On leur a rappelé le principe "rejette-toi toi-même" ou répondu que "s'ils voulaient se marier ils auraient pu choisir une autre Église". Toutefois, certains acteurs du débat sont d'un autre avis: les prêtres seraient bien plus compétents en matière de famille s'ils fondaient la leur.
Le Don paisible
Fiorenzo de Molli, 59 ans, a eu plus de chance que les autres. Certes, son amour pour Ileana lui a également coûté sa dignité ecclésiastique et a secoué ses proches ("au début mes parents étaient particulièrement en colère"). Mais, et c'est assez rare pour le souligner, il a trouvé la compréhension de l'archevêque, le cardinal Carlo Maria Martini, connu pour ses opinions libérales, et du vicaire Franco Brovelli. Le prêtre amoureux a été entendu et soutenu. Sans aucune accusation de trahison? "Absolument."
Après un an de réflexion, Fiorenzo a quitté les ordres pour épouser Ileana. La vie d'église a cédé sa place à l'agitation mondaine, le règlement des problèmes de logement, le remboursement du prêt, le choix d'une école pour les fils, les épargnes, le salaire (désormais Fiorenzo de Molli travaille en tant que directeur des opérations de la Maison de la miséricorde de Milan). Bref, tout va bien. Sauf que la messe lui manque, la confession et sa phrase finale "Dieu vous accorde le pardon". Il est impossible de comprendre ce que signifie renoncer à tout cela d'un point de vue mondain. "C'était un choix difficile, qu'il a fallu payer le prix fort."Il a rencontré Ileana en 1997 et… non, il n'est pas tombé amoureux sur le coup. "Après tout, j'étais prêtre, je m'intéressais à des choses complètement différentes." Ils ont commencé à communiquer et un jour Fiorenzo a reçu une lettre par laquelle elle lui dévoilait son amour.
"Qu'est-ce que j'ai répondu? Rien. Je n'ai pas arrêté de réfléchir. Elle m'a écrit en juin, et j'ai réfléchi pendant huit mois." En évoquant cette période le prêtre utilise des termes peu appropriés pour l'Église comme "crise" ou "dépression", et il est indéniablement ravi que tout cela soit derrière lui.Aujourd'hui, alors que la "durée de service" de Fiorenzo en tant qu'homme de famille a pratiquement égalé celle de Fiorenzo prêtre (16 et 17 ans respectivement), il affirme avec conviction que les deux causes impliquent de grande responsabilité et que chacune comporte ses difficultés. Aux femmes amoureuses d'un prêtre, il conseille: "Laissez-leur le temps de faire leur choix. Et quand ils le feront, respectez-le quel qu'il soit."
Un amour non partagé
Peu de temps avec notre entretien, l'une des signataires de la lettre a dû se résigner à la décision de celui qu'elle aimait, qui souhaitait interrompre leurs relations. Qui sait quel aurait été le destin de ce couple si…
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.
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