Comment Mark Zuckerberg a fait de Donald Trump le nouveau président des USA

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Le commissariat britannique à l'information attend une autorisation de justice pour procéder à la perquisition des bureaux de la société Cambridge Analytica au Royaume-Uni.

Depuis 2013, Cambridge Analytica recueillait à des fins de publicité politique les informations personnelles de dizaines de millions d'utilisateurs de Facebook, et on estime qu'en 2016 cette compagnie a aidé Donald Trump à remporter les élections. Selon Gazeta.ru.

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Des députés britanniques ont exigé du fondateur de Facebook Mark Zuckerberg qu'il réponde à plusieurs questions, et notamment qu'il explique comment et dans quel but Cambridge Analytica a utilisé les données des utilisateurs du réseau social. La lettre des députés stipule que Mark Zuckerberg «doit présenter une analyse précise de cette situation qui a entraîné des conséquences catastrophiques».

Le directeur de Facebook n'a pas encore répondu à cette lettre mais est déjà accusé par Edward Snowden, principal lanceur d'alerte mondial concernant l'activité des renseignements, qui a déclaré que le réseau social était un «service d'espionnage» qui gagnait de l'argent en vendant les données des utilisateurs.

A présent, Mark Zuckerberg risque d'avoir des problèmes aux USA également. La commission fédérale du commerce des USA a déjà ouvert une enquête sur Facebook pour déterminer si la compagnie avait violé les règles d'utilisation des informations personnelles. Selon une source de l'agence de presse Bloomberg, la commission vérifiera si le réseau social a accordé un accès à l'information personnelle de ses utilisateurs à la société Cambridge Analytica en transgressant l'accord d'utilisation.

Depuis que l'information sur cette immense fuite de données des utilisateurs du réseau social a été diffusée, le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg a déjà perdu 5 milliards de dollars.

Pour sa part, le patron de Cambridge Analytica Alexander Nix affirme qu'il serait prêt à démissionner si cela pouvait sauver sa société. «La participation aux élections conduit à la polirisation. Si vous gagnez les élections pour un candidat comme Trump, 100 millions de personnes vous tournent le dos. Vous devenez le diable», résume Alexander Nix.

Les profileurs de Cambridge

Cambridge Analytica est une filiale de la société privée britannique SCL Group. Son département SCL Elections était chargé du recueil de données sur les électeurs potentiels en utilisant les informations ouvertes sur le comportement d'achat des utilisateurs et leur activité sur internet. Sachant que la majeure partie des informations a été tirée de Facebook sans que les utilisateurs n'en soient informés.

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Les collaborateurs de Cambridge Analytica ont réuni des données sur les Américains afin de dresser le «portrait psychographique» de l'électeur-type — cette méthode permet de diffuser plus efficacement les messages promotionnels. La société n'a rien à voir avec la fameuse université, mais ses programmes ont été conçus par des experts qui ont travaillé à Cambridge par le passé.

Cambridge Analytica compte plusieurs politiciens américains parmi ses clients. Ainsi, le candidat républicain à la présidence Ted Cruz et l'ancien ambassadeur américain à l'Onu John Bolton ont eu recours à ses services.

Au Royaume-Uni, la société avait recueilli des données pour préparer le référendum sur le Brexit.

Le fait que la société a travaillé activement avec des candidats ayant des opinions proches du nationalisme de droite s'explique par le fait que son principal investisseur était le milliardaire Robert Mercer, qui affiche lui-même de telles opinions politiques.Mercer était un partenaire d'affaires de Steve Bannon — idéologue de droite et patron du site de «droite alternative» Breitbart.

Rappelons également que Bannon a travaillé pendant plusieurs mois au poste de conseiller du président américain Donald Trump.

Comment le mystère s'est révélé

C'est Christopher Wylie, ancien collaborateur de la société, qui a révélé au Guardian que Mercer et Bannon avaient évoqué la stratégie de Cambridge Analytica. Il a expliqué au journal britannique avoir créé une «arme psychologique» à la demande de Bannon. Wylie affirme avoir participé au recueil de données en créant des logiciels spéciaux pour Cambridge Analytica.

D'après l'investigation du Guardian, hormis le recueil d'informations, la société a utilisé également des méthodes «à l'ancienne»: créer des fakes ou organiser des provocations pour promouvoir des politiciens peu connus.

Wylie s'est décidé à dire la vérité sur l'activité de la société britannique quand il a appris que Cambridge Analytica s'était vue proposer des contrats par le Département d'État américain. De plus, la société a tenté de remporter des appels d'offres du Pentagone.

Dans son interview, Christopher Wylie s'indigne que la société qui a recueilli les informations personnelles de 230 millions d'Américains aurait pu recevoir des contrats du gouvernement du pays.

Quelles que soient les motivations de Wylie, le scandale autour de Cambridge Analytica pourrait jeter de l'huile sur le feu dans la situation liée à l'enquête sur la victoire de Donald Trump à la présidentielle. La journaliste du New York Times Michelle Goldberg juge que «la direction de la société s'est chargée de sales affaires dans le domaine des hautes technologies pour Donald Trump».

La société était soupçonnée depuis longtemps d'avoir recueilli de manière illicite des données d'utilisateurs pendant la campagne électorale de Donald Trump. En 2016, Cambridge Analytica était dans la ligne de mire du Congrès américain: les représentants de la commission enquêtant sur les liens de Trump avec les «Russes» soulignaient que la société britannique pouvait être impliquée dans la diffusion de la «propagande russe». Sachant qu'aucun lien n'a été découvert entre Cambridge Analytica et les autorités russes.

John Pike, analyste de GlobalSecurity.org, reconnaît que la situation avec Cambridge Analytica pourrait entraîner de sérieux problèmes pour Trump.

«Les différentes mesures actives qu'ils proposaient à titre de services comme les «pièges de miel», la corruption, etc. rappellent des pratiques soviétiques, ce qui pourrait induire un lien plus étroit entre Trump et Moscou qu'on en le pensait», indique Pike.

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Ce dernier rappelle également que pendant l'été 2016, de nombreuses discussions mettaient en avant le prétendu «nouveau style politique» de Trump qui ne demandait pas pour sa campagne un grand groupe de collaborateurs, à part une poignée de militants organisant des rassemblements. «A présent il devient évident que Trump disposait d'une importante ressource concentrée autour de Cambridge Analytica», conclut John Pike.

Par ailleurs, la chaîne CNN note que le chercheur suisse Alexandre Kogan, ressortissant de l'URSS qui a collaboré avec des étudiants de l'université d'État de Saint-Pétersbourg, travaillait pour la société britannique. D'après la chaîne américaine, le scientifique travaillait avec les étudiants sur un projet pour recueillir des données, similaire au mécanisme utilisé dans son travail par Cambridge Analytica.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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