Instagram va bientôt faire payer les likes

© AP Photo / Marcio Jose SanchezInstagram
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Ces dernières semaines, de nombreux utilisateurs d'Instagram se plaignent de ne pas pouvoir faire défiler le fil d'actualité pour liker les publications de leurs amis.

«Je mets un cœur, deux, trois, cinq, dix, puis une erreur survient»: ce message est la plainte typique formulée contre le réseau social. Et on peut comprendre les utilisateurs en colère: de toute évidence, Instagram cherche à tester les limites des likes sans annonces ni faire de bruit.

Le quotidien Life analyse le nouvel algorithme d'Instagram. Dès que le service juge que l'utilisateur gaspille des «cœurs» apparaît une notification qui n'indique pas que le nombre de likes est désormais limité. Instagram écrit simplement: «L'action a été bloquée, désolé, réessayez plus tard». Il ne reste pas d'autre choix que de laisser tomber les likes ou de revenir dans une heure pour mettre les «cœurs» si chers à certains.

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Malgré l'apparence tordue de cette technologie, il faut féliciter Instagram pour l'audace et l'innovation. Cela faisait longtemps qu'il fallait faire quelque chose avec les likes, qui sont devenus un encombrement détournant l'attention, voire irritant.

Les utilisateurs des réseaux sociaux se répartissent en trois catégories. Les premiers ne mettent jamais (ou presque jamais) de likes. Les deuxièmes mettent des «cœurs» uniquement au contenu apprécié ou à sauvegarder pour le revoir ensuite dans la catégorie «favoris».

Alors que les troisièmes sont des utilisateurs qui pensent qu'il faut distribuer des likes à tout le monde. Les amis, les collègues, les proches, les célébrités — littéralement tout le monde dans le fil d'actualité. Peu importe le contenu de la photo ou de la vidéo. Peu importe le texte. Le «cœur» est mis par défaut, simplement en signe de sympathie.

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Avouez que vous avez aussi des amis qui appuieront forcément sur «j'aime». De plus, parfois, même les célébrités le font: par exemple, le rappeur Oxxxymiron met un like à tous ceux qui publient sur Twitter une photo avec un billet pour son concert.

C'est évidemment agréable pour les fans, mais cela comporte un inconvénient. Ces dernières années, les réseaux sociaux remplissent activement et agressivement le fil d'actualité non seulement avec les messages et les partages des amis, mais également avec le contenu liké par ces amis. Par conséquent, les abonnés d'Oxxxymiron, par exemple, voient plusieurs fois par jour dans leur fil d'actualité les photos avec les billets d'autres fans, ce qui est un plaisir douteux.

Instagram s'est enfin engagé sur la voie de la guerre. Sa tâche consiste à expliquer aux utilisateurs qu'un like n'est pas «juste un cœur» mais un geste tout à fait conscient, à prendre au sérieux. Dans certains pays, son importance est même surestimée. Par exemple, au Tadjikistan, un homme a écopé de 9 ans et demi de prison pour avoir liké des vidéos du Parti de la renaissance islamique interdit dans le pays. Il a liké sans réfléchir et s'est retrouvé derrière les barreaux. La sentence est sévère — mais dans l'ensemble cette approche est compréhensible.

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Un like traditionnel est une approbation et un éloge. Il ne faut lancer ce genre de choses à droite et à gauche — les likes peuvent également offenser (demandez à une fille dont le jeune homme met régulièrement des «cœurs» à une ex), vexer (demandez à ceux qui reçoivent des likes aux publications sur la mort d'un proche), décevoir (quand, dans un débat, ton ami like silencieusement ton adversaire dans les commentaires) et irriter (quand un copain d'université te retrouve sur Facebook pour arroser de likes toutes tes publications depuis trois ans).

Il faut prendre les likes comme un commentaire. Bien sûr, il y a ceux qui commentent tout, mais ils sont minoritaires — la plupart préfèrent écrire seulement sur le fond. Il est difficile de s'imaginer quelqu'un laisser son avis sous une centaine de photos en une soirée: c'est pourtant le nombre de likes laissés par ceux qui sont physiquement incapables de faire défiler le fil Instagram sans faire un double-clic sur la photo.

Toutefois, il faut inculquer l'idée de «valeur des likes» individuellement et progressivement. Le réseau social doit analyser le dosage journalier moyen de chaque utilisateur pour ensuite le réduire subtilement avant d'instaurer une limite générale et universelle. Par exemple, 30 likes par jour. Plus personne ne gaspillera les likes pour des selfies banals — il faudra réserver les «cœurs» pour les photos vraiment renversantes.

Mais le plus important est ailleurs: si tu veux plus de likes, il faudra payer.

Si tu veux que la photo likée soit vue par tes amis — il faudra aussi payer. Comme sur Tinder où il est impossible de sweeper indéfiniment sans payer. Ou comme dans Odnoklassniki où la note pour les photos «5+» — le plus grand éloge et signe de la plus grande sympathie — est payante.

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Cette approche capitaliste est bénéfique aussi bien pour Instagram (plus d'argent) que pour les utilisateurs (actions plus réfléchies). Certes, au début, certains grincheront. Mais ensuite tout le monde s'habituera et s'y résignera, et la valeur des likes augmentera immédiatement.

Par exemple, cet hiver, l'auteur de ces lignes s'est dit qu'il likait trop souvent les tweets des autres — l'appui sur le «cœur» était devenu un réflexe. Je me suis dit: ne rien liker pendant un mois, puis lever le moratoire et liker seulement les images qui ont vraiment accroché.

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Le résultat était réjouissant. Premièrement, personne n'est mort ni s'est vexé sans mon like. Deuxièmement, le fil d'actualité de Twitter affiche bien moins souvent ceux que les autres ont liké (le fil algorithmique en dépend visiblement). Troisièmement, cette habitude s'est étendue sur d'autres réseaux sociaux où les likes sont devenus sensés et non en pilote automatique.

Ainsi, la révolution des likes d'Instagram n'est pas inutile — cette option usée jusqu'à la corde avait sérieusement besoin d'être repensée. Et cela arrivera malgré les grognements de ceux qui seront privés de leur réflexe favori.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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