Guerre étrange: des alliés des USA ont acheté un peu d'Al-Qaïda

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La coalition conduite par l'Arabie saoudite, qui mène au Yémen des opérations militaires contre les rebelles chiites Houthis, aurait conclu un accord avec l'organisation terroriste Al-Qaïda* dans la péninsule arabique.

La coalition arabe verse de l'argent aux combattants pour que les terroristes abandonnent les villes occupées, ce qui est ensuite présenté comme une victoire de la coalition des pays alliés des USA. La coalition menée par l'Arabie saoudite, activement soutenue par les États-Unis, a passé un accord avec l'organisation terroriste Al-Qaïda* dans la péninsule arabique (AQPA*, branche d'Al-Qaïda*). C'est ce que rapporte l'agence Associated Press se référant à des représentants officiels du Yémen, notamment des officiers des services de sécurité, des chefs de milice, des représentants de tribus qui jouent le rôle d'intermédiaires et des membres d'Al-Qaïda eux-mêmes, écrit le quotidien Gazeta.ru.

Selon AP, les groupes de milice arabiques agissant avec le soutien de Riyad et de ses alliés acceptent dans leurs rangs d'anciens membres d'AQPA*.

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De tels accords et compromis permettent à la branche yéménite d'Al-Qaïda* de maintenir son opérationnalité, estime AP.

D'après l'agence de presse, les renseignements et les militaires américains sont au courant de ces accords officieux.

La guerre fait rage au Yémen depuis août 2014 entre les forces gouvernementales et les rebelles Houthis. Le conflit armé s'est significativement aggravé quand les troupes de la coalition menée par l'Arabie saoudite sont entrées au Yémen en mars 2015. Depuis, les forces de Bahreïn, du Qatar, du Koweït et des EAU participent aux combats contre les Houthis. Par la suite, elles ont été rejointes par l'Égypte, la Jordanie, le Maroc, le Pakistan et le Soudan.

Le «succès» n'est pas le bon mot

«En dépit d'une coalition aussi représentative, il n'y a eu aucun succès ou victoire sur le champ de bataille dans le combat contre les Houthis», explique Alexandre Khramtchikhine, directeur adjoint de l'Institut d'analyse politique et militaire.

D'après ce dernier, le fait même que cette guerre dure depuis trois ans et demi signifie que le terme «succès» ne peut pas être employé vis-à-vis de l'armée de l'Arabie saoudite et de la coalition qu'elle dirige.

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Selon l'expert, dans ce conflit Riyad dominait complètement au départ en termes d'effectifs et de moyens sur tous les paramètres possibles. L'Arabie saoudite était largement supérieure aux Houthis en matière d'effectifs, d'armement et de matériel, mais la guerre dure malgré tout depuis plus de trois ans — et on n'en voit pas la fin.

L'expert souligne qu'on assiste au Yémen non pas à une guerre antiguérilla, mais à une guerre classique d'armée contre armée. Et jusqu'à présent, la coalition saoudienne n'a fait que légèrement repousser les unités des Houthis.

«Je ne sais même pas qui et quand, dans l'histoire des guerres, a montré une telle inconsistance militaire et s'il existe un analogue d'actions aussi inefficaces», déclare Alexandre Khramtchikhine.

Par ailleurs, le spécialiste rappelle que l'Arabie saoudite dispose d'une immense quantité d'armes de pointe, et fait face à des combattants équipés d'armes soviétiques obsolètes en nombre limité. Pourtant, les dépenses militaires de l'Arabie saoudite ces dernières années dépassaient le budget de défense de la Russie, précise l'expert. Riyad occupe la 4-5e place mondiale en matière de dépenses pour la défense.

«Or quand on n'arrive à rien sur les champs de bataille, il ne reste qu'une chose: soudoyer, puis faire passer par un battage médiatique ces opérations financières pour ses propres victoires militaires», conclut l'expert.

Les liens ne sont pas à exclure

«Al-Qaïda* représente une grave menace pour l'Arabie saoudite», estime Elena Souponina, conseillère du directeur de l'Institut russe des recherches stratégiques.

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Selon la spécialiste, il ne peut y avoir de liens directs entre cette organisation terroriste et la famille royale. Des attentats ont eu lieu à plusieurs reprises sur le territoire du royaume, qui ont été revendiqués par ce groupe terroriste précis.

En revanche, poursuit l'interlocutrice, les Saoudiens flirtent souvent avec d'autres organisations radicales agissant notamment en Syrie.

Et là, Riyad s'engage dans une zone à risque parce qu'il est parfois très difficile de séparer les radicaux des autres, c'est-à-dire les opposants dits modérés des terroristes notoires. Et, souvent, les armes passent d'une main à l'autre.

Enfin, rappelle Elena Souponina, Al-Qaïda* a été créée en tant qu'organisation par les efforts de plusieurs services secrets, notamment saoudiens, américains et britanniques pour combattre la présence soviétique en Afghanistan.

«Il ne faut donc pas exclure complètement des liens indirects», conclut la spécialiste.

«Je trouve que de telles actions de l'Arabie saoudite et de sa coalition ne mènent qu'à une chose: la multiplication du nombre de terroristes agissant dans cette région», déclare le général Valeri Zaparenko, ancien commandant adjoint de la Direction générale des opérations de l'état-major des armées.

Selon lui, les unités des terroristes doivent être détruites par des actions déterminées avec tous les types de forces armées et de coalitions, au lieu de s'engager avec elles dans des ententes financières douteuses. Seule la défaite rapide d'Al-Qaïda* au sud de la péninsule arabique est susceptible de stabiliser la situation et de rapprocher le Yémen de la paix, affirme le général.

«Il n'existe aucune autre solution à ce problème», conclut-il.

*Organisation terroriste interdite en Russie

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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