Merkel régule le flux de réfugiés du Maghreb

© AFP 2023 John MACDOUGALL Angela Merkel
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Alors que le fossé se creuse au sein de la société allemande autour de la question migratoire, la chancelière allemande Angela Merkel tente désespérément de limiter l'accès des réfugiés dits économiques à l'Europe.

Un grand nombre d'entre eux est originaire d'Afrique du Nord, et notamment d'Algérie où s'est rendue la dirigeante allemande pour une brève visite.

Le voyage d'Angela Merkel à Alger s'est déroulé à la veille du sommet de l'UE consacré aux problèmes migratoires. Son objectif: persuader les autorités de ce pays d'aller dans le sens de l'UE concernant l'accueil des Algériens à qui a été refusé l'asile sur le territoire des pays de la communauté, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

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Bien évidemment, cette visite n'était pas spontanée et cette question avait été abordée en détail au niveau ministériel avec la participation de fonctionnaires européens et de représentants du Maghreb. Une conférence avait notamment été organisée à Vienne avec la participation des représentants de l'Égypte, de l'Algérie, du Maroc, de la Tunisie, du Niger, du Tchad et du Mali. Les participants ont évoqué la possibilité de créer des «camps de rassemblement» sur le territoire africain, où serait déterminée la pertinence de l'admission en Europe des migrants potentiels. Du point de vue du ministre autrichien de l'Intérieur Herbert Kickl, l'un des organisateurs de la conférence, cet événement a constitué un pas vers le renforcement de la protection des frontières extérieures de l'UE. C'est probablement cette conférence qui a influencé la position de l'Algérie, qui refusait jusque-là d'accueillir ses émigrés à qui le droit d'asile avait été refusé. Mais même aujourd'hui, les responsables algériens accompagnent cette question d'une série de conditions.

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Selon le premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, qui a reçu Angela Merkel, le moment déterminant pour le retour des Algériens chez eux est leur identification. Mais de nombreux réfugiés détruisent leurs pièces d'identité en traversant la frontière de l'UE, ce qui complique leur renvoi dans leur pays d'origine. Et la recherche de ce pays prend souvent des années, ce qui permet aux migrants de se déplacer et de vivre des allocations sociales dans les pays de l'UE. Selon le chef du gouvernement algérien, l'introduction de la numérisation des documents permettra d'accélérer le règlement de tels problèmes.

L'agence de presse allemande N-tv cite les statistiques des refus de légalisation de migrants algériens en Allemagne, dont le nombre s'est nettement accru par rapport à 2015. Actuellement, 350 citoyens sont en attente de renvoi en Algérie. En juillet 2018, presque 4.000 réfugiés d'Algérie ne pouvaient pas justifier leur séjour en Allemagne, et sur 1.500 personnes en cours de vérification l'autorisation ne pouvait être délivrée qu'à 200 d'entre elles.

L'agence cite les propos d'Angela Merkel, qui a suggéré à Ahmed Ouyahia d'élargir les possibilités légales de séjour d'Algériens sur le territoire allemand en délivrant des visas étudiants ou dans le cadre de programmes d'expatriation de spécialistes qui manquent en Allemagne. Les sociétés allemandes sont également prêtes à former en Algérie-même des spécialistes dont l'industrie allemande a besoin.

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Pour Angela Merkel, il y a également un autre problème, qui relève cette fois de la politique intérieure: le fait est que le gouvernement allemand a l'intention d'attribuer à terme à l'Algérie, tout comme à la Tunisie, au Maroc et à la Géorgie (cette dernière dispose d'un régime sans visa avec l'UE), le statut de pays «fiable», c'est-à-dire où il n'y a pas de poursuites politiques. Il existe également un quota de migrants en provenance de ces pays, mais il est inférieur à 5% et les migrants qui en sont originaires suivent une procédure de vérification simplifiée.

A ce projet s'opposent fermement certains politiciens de gauche et des Verts, qui jugent que dans les pays mentionnés sont pratiquées la torture et les persécutions d'opposants politiques. Le problème se complique d'autant plus qu'en 2017 déjà, le Bundesrat (Conseil fédéral) avait décliné la proposition des chrétiens-démocrates de reconnaître les pays du Maghreb comme «fiables», même si une telle loi avait été approuvée par le Bundestag en mai 2017. Angela Merkel doit attendre les nouvelles élections régionales dans l'espoir que leurs autorités seront plus conciliantes à ce sujet.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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