Trump s'est trompé dans l'appréciation de «la plus grande erreur historique des USA»

© AP Photo / Alex BrandonDonald Trump
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Le président américain Donald Trump a déclaré quelle était, selon lui, la principale erreur historique des USA – «l'entrée des troupes au Moyen-Orient par le président Bush». En l'occurrence, le locataire de la Maison blanche ruse, mais peut-être inconsciemment.

Car la guerre en Irak est le résultat logique d'une toute autre erreur commise coup après coup par des dizaines de présidents américains, écrit le quotidien Vzgliad.

La somme dépensée par les Etats-Unis pour ces guerres est très différente en fonction de la source. Selon le Pentagone, les dépenses pour les activités militaires en Irak, en Afghanistan et en Syrie entre 2001 et 2018 s'élèvent à 1.520 milliards de dollars. L'université Brown pense qu'il est question de 5.600 milliards de dollars à la date de septembre 2017, mais dans leurs dépenses figure également le Pakistan.

Donald Trump a parlé de 7.000 milliards de dollars et de «millions de vies». Ce qui est rare, d'ailleurs, pour un politicien américain — tenir compte des victimes des deux côtés, et pas seulement de ses propres soldats.

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Le nombre de victimes est également difficile à calculer. Selon cette même université Brown, qui effectuent des études régulières «Coût de la guerre», à la date d'août 2016, plus de 370.000 personnes ont été tuées dans les guerres des USA au Moyen-Orient, dont 200.000 de civils. En sachant que le nombre de «victimes indirectes de la guerre» les chercheurs estiment à plus de 800.000 personnes. Encore plus de 10 millions de personnes sont devenues des réfugiés.

L'ampleur est vraiment impressionnante. A noter que les journalistes posaient à Trump des questions suggestives en proposant de choisir «la plus grande erreur» entre la Guerre civile, l'attaque des Japonais contre Pearl Harbor et l'incapacité de prévenir l'attentat du 11 septembre 2001.

«On peut comprendre la Guerre civile. La Guerre civile est la Guerre civile. C'est différent. L'entrée de nos troupes au Moyen-Orient était un mauvais jour pour notre pays, voilà ce que je peux vous dire», a déclaré le président américain. Et d'ajouter: probablement Obama a également incorrectement agi quand il a retiré les soldats.

Difficile de ne pas être d'accord. Mais il faut savoir que la décision d'intervenir en Afghanistan et en Irak prise par George Bush, ainsi que le Printemps arabe initié, selon certaines informations, ou du moins soutenu par l'administration Obama sont une continuité logique de la politique américaine séculaire. Même à l'époque quand les Etats-Unis n'étaient pas actifs dans d'autres régions du monde, ils se comportaient par rapport à leurs voisins de la même manière qu'ils se comportent aujourd'hui dans le monde entier.

Le génocide des Amérindiens, sous couvert de la préoccupation de leur «éducation», c'était le début de l'avancée des colonisateurs américains vers l'Ouest. En fait, c'est à cette époque que se sont formés les deux axes principaux de la politique américaine — «faucons» et «colombes», mais ces termes sont obsolètes. Parce que les «colombes» qui prétendent prôner l'éducation et la paix dans le monde entier, s'avèrent souvent tout aussi sanguinaires que les «faucons» qui exigent de cesser la «violation des droits de l'homme» dans un pays lointain avec des bombardements.

C'est pourquoi il serait plus correct de qualifier ces axes de «cowboy» et de «missionnaire». Les cowboys sont une force brutale («je me bats pace que je me bats» et «bottons les fesses à ces sauvages»), les missionnaires sont la mondialisation («les sauvages ne comprennent pas la manière douce, il faudra les punir pour leur propre bien»). Tous les deux sont absolument persuadés que la voie américaine est la seule juste et que toutes les victimes sur cette voie sont justifiées.

L'intervention au Moyen-Orient est, pour l'instant, le dernier pas sur cette voie.

Parmi les démarches antérieures — l'invasion de la Yougoslavie, et la situation dans les Balkans reste explosive. A peine les USA et l'UE auront les yeux tournés, les «Yougoslaves qui ne vont pas à l'église et les Yougoslaves qui ne vont pas à la mosquée» commenceront à se massacrer les uns les autres et redessiner les frontières injustes, à leur avis.

Dans les années 1970 et 1980, les USA s'ingéraient activement dans les processus politiques nationaux des pays du Tiers monde, et les conséquences de ces «révolutions anticommunistes» se font sentir à ce jour. Al-Qaïda, si quelqu'un l'avait oublié, a été créé sur la base des organisations terroristes qui ont été financées par les USA pour la lutte contre l'Union soviétique.

Les conséquences de la guerre au Vietnam semblent avoir été surmontées. Mais si au milieu des années 1970 on avait demandé aux politiciens américains de nommer la principale erreur dans l'histoire de l'Amérique, il ne faut aucun doute qu'ils ne mentionneraient pas la Guerre civile ou Pearl Harbor, mais l'évacuation de Saigon et le syndrome posttraumatique de toute une génération.

Alors que les conséquences de l'ingérence des USA dans la guerre entre les deux Corées n'ont toujours pas été surmontées. Ces derniers mois les dirigeants de ces pays ont réussi à établir des relations, mais seulement 18 mois en arrière le monde entier était figé dans l'attente d'une éventuelle catastrophe nucléaire.

Cette liste s'allonge en s'approfondissant dans le temps. Cela concerne l'annexion du territoire mexicain, la théorie de la «cour arrière» par rapport à toute l'Amérique du Sud. C'est pourquoi l'«erreur» de l'invasion au Moyen-Orient n'est pas la faute de Bush, tout comme les événements qui ont suivi ne sont pas la faute d'Obama. C'est un «trauma héréditaire», un trait immanent aux USA en tant qu'Etat.

Tant que Washington ne renoncera à la certitude indiscutable que la voie américaine est la seule possible. Tant que la politique étrangère des USA ne cessera pas d'être déterminée par les «cowboys» et les «missionnaires», tant qu'ils ne seront pas remplacés par des gens capables de mener un dialogue équitable et reconnaître chez l'antagoniste la présence de ses propres intérêts, les «erreurs» se reproduiront encore et encore.

D'ailleurs, en qualifiant les actions de son prédécesseur de «la plus grande erreur de l'histoire», Donald Trump n'a encore rien fait pour réparer ou au moins amortir ses conséquences.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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