Un «programme révolutionnaire» de recherches agricoles ou d'une arme biologique US?

© AP Photo / Ben MargotBiologist Crystal Jaing holds a slide prepared for testing in the micro array for biological hazards Wednesday, July 13, 2011, at the Lawrence Livermore National Laboratory in Livermore, Calif. The airborne pathogen early warning system known as Biowatch is now deployed in about 30 cities across the country.
Biologist Crystal Jaing holds a slide prepared for testing in the micro array for biological hazards Wednesday, July 13, 2011, at the Lawrence Livermore National Laboratory in Livermore, Calif. The airborne pathogen early warning system known as Biowatch is now deployed in about 30 cities across the country. - Sputnik Afrique
S'abonner
Quatre équipes de biologistes américains travaillent à la création d'un virus génétiquement modifié capable de changer l'ADN des plantes avec lesquelles il entre en contact. Certains spécialistes européens pensent que les Américains sont en fait en train de créer une arme biologique. Est-ce le cas?

Le monde scientifique est contre

Le Pentagone - Sputnik Afrique
Des chercheurs français et allemands soupçonnent le Pentagone de créer une arme biologique
De concert avec des avocats de l'Université de Freiburg (Allemagne), plusieurs chercheurs de l'Institut d'évolution biologique Max Planck de Plön (Allemagne) et de l'Université de Montpellier ont publié dans la revue Science un article condamnant le «programme révolutionnaire» de recherches agricoles aux États-Unis. Selon eux, ces recherches scientifiques pacifiques pourraient servir de couverture à un autre objectif: la création d'une arme bactériologique meurtrière.

Les expérimentateurs, financés par l'agence DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), utiliseraient des insectes pour transporter les virus infectieux génétiquement modifiés jusqu'à leur destination (une plantation de fruits, de légumes ou de céréales), écrit le quotidien Izvestia. Après leur arrivée à destination, les coléoptères ou les papillons dispersent les virus sur les plantes.

Des insectes porteurs de virus

Pendant l'été 2016 déjà, DARPA avait fait part de son idée de transformer des insectes nuisibles en «alliés dans la lutte pour les récoltes». Cependant, jusqu'à l'été 2017, aucune information concrète sur le programme surnommé Insect Allies n'avait été présentée au public.

Le ministère russe de la Défense - Sputnik Afrique
La Défense russe met en garde contre les tests d'armes biologiques US en Géorgie
Les travaux ont finalement commencé en été 2017 avec l'attribution de 27 millions de dollars pour des contrats de recherche. L'argent a été réparti entre quatre groupes académiques. L'objectif principal de cette expérience consiste à utiliser les possibilités de la science pour créer une technologie de modification génétique écologique horizontale des organismes vivants afin d'opérer par leur biais des changements génétiques dans les cultures. Le virus est censé modifier les chromosomes des plantes en apportant des changements qui pourraient augmenter leur résistance aux différents problèmes écologiques.

Chacun des quatre groupes de recherche travaille parallèlement et même en régime de concurrence pour régler trois buts fondamentaux: fabriquer le virus, créer un insecte-vecteur (si besoin, en apportant des modifications à son code génétique) et déterminer les plantes qui «comprennent» que le virus l'attaque pour améliorer sa «santé».

Rapide et furtif

La différence entre la «contamination saine» et les méthodes traditionnelles de lutte contre les nuisibles est que dans le cadre du nouveau programme, le virus n'est pas dispersé avec des aérosols: la DARPA a exigé que cela soit fait par des insectes. La dispersion, que ce soit par avion ou par des moyens mobiles contrôlés par l'homme, est pourtant un processus bien plus simple et mieux contrôlable.

Masque à gaz - Sputnik Afrique
Lavrov: des provocations à l'arme biologique pourraient viser la Russie
Pourquoi donc faire compliqué? Précisément pour réduire la contrôlabilité du procédé.

C'est pourquoi les auteurs de l'article sont inquiets. A commencer par le fait que le contrôle dimensionnel et temporel de la propagation des virus sera difficile. Les insectes sont complètement imprévisibles et les virus peuvent influencer aussi bien les graines que les plantes adultes.

De plus, l'appel aux insectes ne représente aucun intérêt. Si l'objectif consiste à éliminer les parasites et assurer des récoltes abondantes, qui plus est inoffensives pour l'homme, il est plus simple et pratique de recourir à des équipements agricoles de dispersion.

Dans un laboratoire - Sputnik Afrique
Des médecins révèlent leur vision des tests présumés US sur les humains en Géorgie
L'approche de DARPA reflète donc l'intention de développer une technologie offensive. Les spécialistes pensent que les arguments sur la destination agricole des futures découvertes servent en réalité à couvrir le développement d'une nouvelle classe d'arme biologique à action rapide.

Une telle arme pourrait permettre à un agresseur de détruire des récoltes sans recourir à l'utilisation d'équipements spéciaux susceptibles d'être visuellement détectés.

Tout comme on ne retrouverait aucune trace de la propagation de substances chimiques ou toxiques qui pourraient servir de preuves indirectes d'une attaque intentionnelle et non naturelle contre les plantes.

Une question sans réponse

Le programme Insect Allies correspond-il aux normes de biosécurité de l'humanité? Personne ne le sait, et c'est pourquoi les spécialistes sont inquiets. Les auteurs de l'article demandent à la DARPA d'assurer une plus grande transparence dans son travail et ses résultats. De leur point de vue, il n'existe aucune garantie que cette recherche n'enfreindra pas la Convention sur l'arme biologique.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала