En Arabie saoudite, l'opposition se fédère et hausse le ton

© REUTERS / Faisal Al NasserArabie saoudite
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«Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed et son père, le roi Salmane, doivent renoncer au pouvoir» appelle, dans une lettre anonyme, un groupe d'opposition saoudien récemment formé jugeant que la politique du gouvernement actuel «a plongé le pays dans une crise d'une ampleur sans précédent».

Le retour au royaume du frère du roi saoudien, le prince Ahmed, qui vivait jusqu'à présent en Grande-Bretagne pour des raisons de sécurité, pourrait-il présager de futurs remaniements au sommet du pouvoir? L'analyse du quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le prince Mohammed compte encore de nombreux ennemis dans le royaume malgré le «nettoyage» opéré en 2017, qui avait fait beaucoup de remous. En Arabie saoudite, l'opposition n'existe pas en tant que groupe politique constitué. L'alliance dont la lettre a été citée par la chaîne qatarie Al Jazeera s'appelle «Bloc des alliés pour la bonne administration». Elle se compose d'anciens hauts fonctionnaires, journalistes et militants. Leur lettre affirme que la ligne politique des autorités actuelles a conduit le royaume à une «crise historique», raison pour laquelle l'héritier du trône et son père devraient «renoncer délibérément à leur pouvoir».

Les auteurs de ce message estiment que l'Arabie saoudite doit entrer dans une période de transition pendant laquelle le pays sera dirigé par le frère du roi, le prince Ahmed.

Le retour de ce dernier en Arabie saoudite depuis le Royaume-Uni, où il vivait pour des raisons de sécurité, a été annoncé hier. Selon les sources de David Hearst, rédacteur en chef du site britannique Middle East Eye, il serait censé aider à trouver un nouvel héritier du trône. Ahmed est connu pour sa critique de la politique étrangère du monarque saoudien. Alors qu'il était au Royaume-Uni, il avait déclaré que la guerre au Yémen était «l'œuvre du roi Salmane» et de son fils et avait appelé à ne pas en accuser tout l'establishment saoudien.

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«Je ne pense pas que cette fraction de l'opposition saoudienne soit secrète, commente le professeur Grigori Kossatch de la chaire de l'Orient contemporain à la faculté d'histoire, de politologie et de droit de l'Université d'État des sciences humaines de Russie (RGGU). Le retour du prince Ahmed prouve précisément que la fraction a l'intention d'agir légalement, cela ne fait aucun doute. De plus, tout cela est présenté comme une activité reconnue par la loi. Mais je ne pense pas que le prince Ahmed, qui est un homme relativement âgé, soit revenu dans le pays pour mener un travail subversif ou, qui plus est, pour faire démissionner le roi et le prince héritier. Il est probablement revenu pour tenter de réconcilier les fractions belligérantes de cette dynastie et obtenir des concessions du roi concernant la présence de représentants d'autres fractions au sein des instances dirigeantes du pays».

L'expert souligne que le clan le plus influent susceptible de se retrouver en opposition avec le prince et le roi est le clan Sudaïri, auquel appartiennent les princes Mohammed ben Nayef et Ahmed. L'analyste suppose que le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat d'Istanbul, où il s'était rendu le 2 octobre dernier pour obtenir une attestation de divorce, a servi de puissante impulsion à de nouveaux changements dans le royaume. «L'assassinat a été pris comme prétexte pour revenir à la discussion [sur l'héritier du trône] parce qu'il a provoqué un scandale international, avec toutes les conséquences et circonstances que cela implique», conclut l'expert.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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