Ford ne produira plus de voitures en Russie

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Le constructeur Ford, l'un des plus gros investisseurs dans l'industrie automobile russe avec une importante localisation de la production, a annoncé le 27 mars qu'il comptait réduire ses opérations en Russie. La production de voitures sera fermée et seul l'assemblage de camionnettes Ford Transit sera maintenu.

Ford a annoncé la passation du contrôle de la coentreprise Ford Sollers à la compagnie russe Sollers, qui possédera 51% du capital social de la coentreprise, écrit le site d'information Vestifinance. Ford stoppera la production de voitures légères en Russie d'ici fin juin et fermera deux usines automobiles à Naberejnye Tchelny et à Vsevolojsk, ainsi que l'usine de moteurs d'Elabouga.

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En 2011, Ford Motor Company, l'un des trois géants automobiles américains, avait créé une coentreprise avec la compagnie russe Sollers à parts égales. En quelques années d'existence, la coentreprise Ford Sollers avait entièrement localisé la production de 7 modèles dans quatre usines avec son propre centre de recherche et développement pour l'adaptation et la localisation des modèles Ford.

Ford a investi 1,5 milliard de dollars dans l'industrie automobile russe, notamment pour la production de cinq modèles Ford, le lancement d'une nouvelle usine pour la construction de moteurs avec des investissements de 275 millions de dollars et la localisation de la production de 300 pièces détachées.

Ford Sollers fabrique 7 modèles: les Ford Focus et Ford Mondeo à l'usine de Vsevolojsk près de Saint-Pétersbourg; les Ford Explorer, Ford Kuga et la gamme de voitures commerciales Ford Transit en cycle entier à Elabouga; ainsi que les Ford Fiesta et Ford EcoSport à Naberejnye Tchelny.

Près de 3.700 personnes travaillent dans ces usines.

«Le nombre d'employés sera réduit dans le cadre d'un programme de départ volontaire en versant des indemnités supplémentaires», indique le communiqué de Ford. Le constructeur versera des indemnités aux ouvriers et aux fournisseurs à hauteur de 200 millions de dollars.

Pourquoi Ford n'a pas pris racine en Russie

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Le marché s'est empressé de déclarer que Ford avait mené une politique tarifaire incorrecte, mais le constructeur américain a expliqué son départ partiel de Russie par la restructuration générale de son modèle d'affaires en Europe.

Mais ce n'est pas le plus important. Le marché russe fait partie des plus grands en Europe et possède un immense potentiel. Des usines de Hyundai, de VW et de Toyota sont implantées en Russie, mais Ford avait misé sur le grand public — certains modèles étant parfois qualifiés de «Lada américaines» — en localisant en Russie la fabrication de modèles ayant une perspective marchande réduite. Le géant américain a sous-estimé les préférences des acheteurs russes et espérait un retour rapide sur investissement.

Mais le plan n'a pas fonctionné

Ces deux dernières années, la part de Ford sur le marché russe n'a pas diminué et s'est maintenue à hauteur de 3% fin 2018, comme les années précédentes, d'après les informations du Comité des constructeurs automobiles de l'Association des affaires européennes.

En 2018, AvtoVAZ a conservé un cinquième du marché, alors que la part d'une autre marque populaire, du groupe VW, Skoda, est passée de 3,9 à 4,5% par rapport à 2016. La part de Hyundai est restée à 10% (10,2% en 2016), et celle de Kia a augmenté jusqu'à 12,6% contre 11,4% en 2017 (10,5% en 2016).

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Les ventes de Ford en Russie ont augmenté jusqu'à 5,7% en 2018, soit 53.234 voitures. Mais les deux premiers mois de 2019 ont affiché une forte baisse sur le marché russe, et les ventes de Ford en Russie ont perdu 50%: la part de la marque est passée de 3,2% en 2018 à 1,8% en glissement annuel.

La banque VEB avait financé la coentreprise à hauteur de presque 40 milliards de roubles (plus de 600 millions de dollars). Le marché russe revenant aujourd'hui à la stagnation après deux ans de croissance, Ford a décidé de stopper les pertes et de rembourser ses dettes.

Dans le même temps, AvtoVAZ, le leader de l'industrie automobile russe et du marché des modèles «populaires», a traversé des années de modernisation difficile en remplaçant les responsables et les designers étrangers. La gamme du géant russe s'élargit régulièrement. Au final, AvtoVAZ, qui reste constamment à l'écoute des préférences du marché, a réussi à maintenir sa part de marché en période de crise, alors que les ventes de voitures chutaient.

Dans l'ensemble, l'alliance d'AvtoVaz avec Renault et Nissan a été une réussite. La synergie a permis de préserver la popularité des modèles aussi bien russes que français et japonais.

Les autres constructeurs ne sont pas non plus restés les bras croisés. Le design des voitures coréennes donnait aux voitures l'impression d'être bien plus coûteuses qu'elles ne l'étaient en réalité, et leur construction bien pensée correspondait bien aux conditions russes: cela a permis de renforcer la popularité des marques sud-coréennes.

Les sanctions ont également nui aux perspectives de Ford en Russie, puis en UE après le déclenchement de la guerre commerciale.

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Mais Ford n'est pas le premier à fermer des usines en Europe et en Russie. Il est difficile pour les constructeurs américains de deviner les préférences des Européens. En août 2017, après plusieurs années de pertes, le groupe General Motors, un autre membre du «grand trio» de l'industrie automobile américaine, a annoncé la vente au groupe français PSA de sa propre section européenne qui produisait des Opel et Vauxhall.

En 2015 — la troisième année de quatre ans de chute du marché automobile russe — GM a interrompu le travail de son usine à Saint-Pétersbourg, les chaînes d'assemblage à Kaliningrad et à Nijni Novgorod. Au final, le nombre de voitures de GM s'est réduit en Europe et en Russie. En juin 2018, Fiat Chrysler Automobiles (FCA) a annoncé sa nouvelle stratégie consistant à retirer la marque Fiat des marchés de l'Amérique du Nord et de la Chine, alors que la marque Chrysler se focalisera sur l'Amérique du Nord.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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