Affaires Zemmour/Obono: «les contradictions ultimes de l’idéologie antiraciste»

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Deux polémiques ont marqué la semaine. Edouard Chanot revient sur les deux affaires et donne son opinion.

Les circonstances laissent un goût amer dans la bouche. Par un pur hasard, deux polémiques se voient liées en l’espace de 24 heures. D’un côté, une représentante de la Nation, qui soutient des rappeurs chantonnant «nique la France» mais renâcle à déclarer «vive la France», et d’un autre côté, Eric Zemmour condamné à 5.000 € pour des propos sur les musulmans tenus en septembre dernier sur France 5.

Écoutons les passages polémiques, d’abord celui de Danièle Obono:

«Pour défendre la liberté d’expression de ces artistes (…) Pourquoi vive la France? Il en faudrait plus (…)»

«Il faudrait plus»… mais bon, il ne s’agit pas de hurler avec la meute, oublions Danièle Obono. Remarquons simplement l’argument de la liberté d’expression, celle-là même dont Eric Zemmour se voit privé en raison de cette déclaration:

Zemmour - Sputnik Afrique
«Aucune raison de dire Vive la France tant qu’elle n’aura pas renoncé au colonialisme»
«Tout le monde vit dans la paix, l’islam veut dire paix, mais l’islam veut dire aussi soumission. On ne vit dans la paix que lorsqu’on se soumet à l’islam. Il y a simplement des gens qui sont de bons musulmans et des mauvais musulmans. En islam, il n’y a pas de musulmans modérés. Ça n’existe pas. Il y a simplement des gens qui appliquent à la lettre, et d’autres qui n’appliquent pas à la lettre. Mais ils savent qu’ils ne sont pas des bons musulmans (…) C’est tout le problème français…»

Vous me voyez maintenant venir: il suffit d’associer ces deux tirades pour voir s’étaler devant nous les contradictions ultimes de l’idéologie antiraciste, de l’idéologie antiraciste à bout de souffle.

À bout de souffle?

Hé oui, elle est à bout de souffle, cette idéologie antiraciste qui, sous couvert de morale, sape toute possibilité de bâtir un commun, d’entretenir ce besoin de France, cette tension commune qui selon les plus optimistes, à savoir les assimilationnistes, pourrait seule actionner un «plébiscite de tous les jours», selon la formule.

Ce plébiscite de tous les jours ne tient plus quand on a persuadé une communauté qu’elle était constamment opprimée – la domination des Noirs par les Blancs, pour dire les choses. L’antiracisme est l’obsession d’un schéma de domination et surtout une racialisation permanente, qui rend impossible le «vivre ensemble» que ses militants ont pourtant constamment à la bouche.

En fin de compte, l’idéologie, ou plutôt l’escroquerie antiraciste est une subversion, qui a de loin dépassé le souci ô combien légitime du respect des autres pour devenir une véritable inversion du colonialisme.

Une subversion qui alimente une incitation à la haine caractérisée, une incitation brute: « Nique la France ».

Mais c’est Zemmour qui a été condamné pour incitation à la haine…

Oui, en effet: une condamnation pour sa critique – certes virulente – de l’islam, et de la compréhension de l’islam par les Français. Dans son essai Un quinquennat pour rien, Zemmour plaidait, noir sur blanc, pour désigner l’islam comme ennemi.

Ceci m’amène non à des considérations théologico-politiques. J’évoquais la politique et la morale avec la polémique Obono, je continue donc avec celles-ci.

Ceci semblera contre-intuitif à certains mais désigner l’ennemi n’implique pas nécessairement la haine, comme le relevait si justement le philosophe Julien Freund. C’est un jugement politique, et non un jugement moral. Par une telle désignation, on ne prive pas cet ennemi de son humanité ou de sa raison. Quand on a un ennemi public –insistons là-dessus, il ne s’agit pas d’un ennemi privé, intime– il est nécessaire de le vaincre. Et au final, avec un ennemi, on peut faire la paix.

Ainsi lui accorde-t-il, en fin de compte, davantage de dignité que l’antiracisme face à ses adversaires: l’antiracisme, enfant du libéralisme, rejette ses adversaires hors de l’humanité ou hors du cercle de la raison. Drapé dans son moralisme, il se sent de fait le droit de l’éradiquer. Alors la question mérite au moins d’être posée: les vrais fauteurs de haine sont-ils vraiment ceux que la justice a désignés?

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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