Saint-Martin, après l’ouragan et les pillages… Macron!

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Après l’ouragan, les pillages. Depuis plusieurs jours, malgré les propos rassurants du gouvernement, qui peine à rétablir l’ordre, c’est le chaos à Saint-Martin. Si certains, comme Benoît Hamon, excusent les pilages, d’autres pointent du doigt la responsabilité de l’État. C’est dans ce contexte qu’Emmanuel Macron débarque dans l’île sinistrée.

La polémique enfle à mesure que l'ouragan s'éloigne. Touchée de plein fouet par Irma, complètement dévastée par la violence de la tempête, Saint-Martin n'a pas le temps de panser ses blessures que déjà d'autres maux sont venus la frapper.

Le premier d'entre eux est bien sûr les pillages dont sont victimes commerces et parfois particuliers. Profitant du chaos, des bandes armées se livrent à des razzias sans retenue. Les habitants vivent dans l'angoisse de perdre ce qu'il leur reste et la peur pour eux-mêmes s'ils résistent.

Les images sont choc, on y voit des pillards entasser de l'électroménager ou des télés dans leurs pick-up, des vitrines éventrées, des magasins ravagés. Les témoignages sont poignants, comme ceux-ci, relevés dans Ouest France, le 10 septembre:

«C'est la mort ici. On est enfermé dans la résidence, plus de logement, ça pue la pisse, la merde, l'horreur. On peut pas sortir dehors: coups de feu, coups de machette. Heureusement dans la résidence on est solidaire, mais on commence à devenir dingue».

Ou cet autre:

«À Saint-Martin, ce n'est plus la force de la nature, mais la loi du plus fort. Mon père ne peut plus sortir, car dans les rues, les gens se baladent avec des armes et tirent sur la population pour récupérer des biens et des denrées alimentaires. Il dit également qu'il y a énormément de morts et non pas 8, puis 4.»

Des propos que je tiens à rappeler en passant à Benoît Hamon, qui réfutait hier le terme même de pillage sur BFMTV:

«On ne va pas parler de pillage, parce que pillage c'est justement l'idée de sur le dos des autres, de voler»

Hamon, qui, quelques instants auparavant, justifiait benoîtement ces mêmes pillages, se voyant d'ailleurs bien lui-même dans le rôle:

«S'il n'y a rien sur une île, prendre du sucre et de l'eau? Évidemment que je le ferais.»

Que des situations de désespoir existent, j'en conviens et je ne vais non plus jeter la pierre à ceux qui volent un peu de nourriture en attendant les secours. Mais je renvoie tout de même ce triste sire à un papier de l'AFP, vu sur le site du Point ou de Ouest France le 11 septembre, les dates sont importantes. Après avoir décrit un supermarché ravagé, les produits éventrés un peu partout, le journaliste donne la parole à un gendarme:

«Tout ce gâchis alors que le propriétaire proposait de tout distribuer aux habitants», raconte le gendarme. «Je suis Antillais et le comportement des gens sur cette île m'écœure. Tant qu'ils ne se calmeront pas, c'est difficile de distribuer des vivres.»

En passant, je signale qu'au Japon, pays de tornades s'il en est, sans même parler des accidents nucléaires, ce genre de comportement n'existe tout simplement pas et que face aux catastrophes, les Japonais font toujours preuve de retenue et de solidarité. Comme quoi, les pillages ne sont pas une fatalité.

Bref, Benoît Hamon, qui juge déplacées les polémiques à 7.000 km de distance, ne trouve pas déplacé de mieux savoir ce qui se passe dans l'île depuis le siège du PS que les habitants eux-mêmes, de mieux savoir d'ailleurs que la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, qui assurait voici quelques jours, avoir vu «Des pillages sous mes yeux».

Bon, la même ministre assurait hier 11 septembre, au risque d'être démenti par les faits, nous l'avons vu que les pillages étaient terminés, reprenant en cela l'optimisme du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, qui assurait dès le 10 que

«L'ordre a été rétabli. Il n'y a plus aujourd'hui les scènes de pillage.»

Des propos probablement destinés à calmer la polémique sur l'impréparation de l'État face à la catastrophe, deuxième —moindre- mal à avoir frappé les îles. Forces de l'ordre insuffisantes, voire passives face aux pillages, pas assez de matériel et de vivres prépositionnés à proximité alors que l'on pouvait anticiper le drame —Irma, on la voyait venir de loin-

Alors certes, c'est Marine Le Pen qui a ouvert le bal de la critique, plaçant aussitôt celle-ci, aux yeux des bien-pensants, dans les remugles fétides de la fachosphère. Mais l'autre M & M's de l'opposition, Mélenchon a de son côté réclamé

«une commission d'enquête parlementaire pour savoir si l'on a prépositionné des forces militaires et civiles en nombre suffisant, alors qu'on savait que l'ouragan arrivait».

Mais les critiques sont aussi venu des rangs plus modérés, comme les LR et même PS, l'ex-ministre des Outre-mer Victorin Lurel (PS) estimant par exemple que «L'État devrait à mon sens faire davantage, mieux et autrement» et que l'on aurait pu évacuer la population avant par exemple.

Pour une fois, je ne vais pas rentrer dans une polémique sur laquelle je n'ai aucun élément sérieux à apporter, car finalement, la solution finit par arriver… ou pas. En effet, le troisième choc que subit Saint-Martin aujourd'hui est la visite de Macron. Alors, certes, on nous assure que l'avion présidentiel est bourré de matériel et de produits de première nécessité.

​Mais finalement, le seul truc qui ne soit pas nécessaire dans l'Airbus en question, c'est Macron, qui va aller poser auprès des populations sinistrées, peut-être lancer une petite pique sur les fainéants qui se plaignent alors qu'ils vivent sous les tropiques et accessoirement, perturber par sa présence et les mesures de sécurité y afférant —comme diraient les gendarmes dans leurs rapports- les secours et/ou la protection des habitants.

Certes, c'est une solide tradition des hommes politiques d'aller étaler leur compassion dès qu'un drame attire les caméras, mais sur ce coup-là, Jupiter aurait peut-être mieux fait de s'abstenir. Tiens, il aurait envoyé son Airbus avec juste le matos, on aurait pu trouver ça classe. Mais là, ça sent trop la récupération et la diversion, alors que «les fainéants, les cyniques et les extrêmes» défilent en métropole contre ses réformes du droit du travail.

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