«La diplomatie est en danger parce que le droit international est complètement bafoué»

Le Désordre mondial avec Rachel Marsden
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Après les frappes occidentales menées en Syrie au nom de la « communauté internationale », focus sur l’état des relations internationales avec l’ancien ambassadeur de France, Michel Raimbaud, au micro de la chroniqueuse Rachel Marsden.

Au Parlement européen, Emmanuel Macron estimait que les frappes occidentales en Syrie étaient légitimes et représentaient la communauté internationale. Mais où en sont la diplomatie et le dialogue entre les puissances? Nous avons voulu en savoir plus avec l'ancien ambassadeur de France, Michel Raimbaud.

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Pour l'ambassadeur Michel Raimbaud, ces frappes reflètent l'état des relations internationales à l'heure actuelle: « la diplomatie est menacée dans son essence-même ». Il estime que le conflit syrien illustre le fait que les us et coutumes diplomatiques sont remis en question: « aucun des pays n'a déclaré la guerre donc théoriquement, il n'y a pas de guerre. Ca ne facilite pas le processus qui mènerait à un traité de paix pour mettre fin à une guerre qui n'existe pas légalement en France » et il ajoute « « il y a une confusion totale entre le temps de la guerre et le temps de la paix ».

Le diplomate à la retraite précise sa pensée: « la diplomatie est en danger parce que le droit international est complètement bafoué, tous les principes de la charte des Nations Unies, la souveraineté, la non-ingérence, l'interdiction de menacer, l'usage de la force, le droit à l'auto-détermination des peuples, le droit des États à décider de leur régime politique à l'abri de toute ingérence étrangère et l'obligation de négocier et de déclarer la guerre »

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Selon Michel Raimbaud, 1991 marque une rupture décisive: « aux environs de Noël 1991, les trois chefs d'Etat de la Russie, de la Biélorussie et de l'Ukraine ont constaté la fin et la dissolution de l'Union soviétique. Je pense effectivement que ça a été la plus grande catastrophe politique du XXe siècle certainement du moins du point de vue de la communauté internationale […] parce qu'il n'y avait plus qu'un seul bloc ».

A la fin de la Guerre froide marquée par la chute de l'URSS ont donc émergé l'hyperpuissance américaine et son unilatéralisme. Michel Raimbaud caractérise ainsi cette période: « c'est à partir de 1990 qu'on a vu des actions engagées soit sans résolution (comme la deuxième guerre d'Irak) et après en Libye, Somalie, Afghanistan, il y a eu des résolutions mais c'était des interventions qui se faisaient comme ça […] il n'y avait plus de veto [….] Donc jusqu'à 2011 ». Il déclare ainsi que l'intervention occidentale en Libye de 2011 pour renverser le colonel Kadhafi a représenté un autre tournant géopolitique: « 2011 a été le tournant, la résolution 1973 contre la Libye par exemple, la Russie et la Chine se sont encore laissées circonvenir et convaincre que c'était pour protéger les populations ».

Revenant enfin sur son cas personnel, l'ancien ambassadeur considère que la diplomatie française de l'époque gaullo-mitterrandienne est révolue: « il y a beaucoup de diplomates de la vieille école qui ont une nostalgie de la France du général de Gaulle, de la fierté, de la façon dont la France était écoutée, respectée ». 

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