Donald Trump est-il en voie de «Kim Jong-unisation»?

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Quelles peuvent être les conséquences de la rencontre historique entre le Président sud-coréen et le leader nord-coréen le 27 avril? Un entretien avec Pascal Dayez-Burgeon, ancien diplomate français en poste en Corée du Sud, et chargé de mission à l’Institut des sciences de la communication du CNRS.

Les télévisions du monde entier ont glosé des heures sur la franche poignée de mains entre Kim Jong-un et le président sud-coréen, Moon Jae-In, le 26 avril dernier à la frontière entre les deux pays. Cette rencontre n'est-elle que symbolique ou au contraire n'est-elle que le début de la réunification des deux Corées?

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Cette rencontre historique ne surprend pas outre mesure Pascal Dayez-Burgeon, ancien diplomate français en poste en Corée du Sud, qui rappelle les tentatives précédentes de rapprochement: «en 2000, il y a eu un sommet qui a suscité beaucoup d'espoirs entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, et puis en 2007, il y a eu un autre sommet. Depuis Kim Jong-un est arrivé au pouvoir, il a alterné les provocations et puis les mois de détente. On n'est jamais allé aussi loin que la rencontre du 27 avril.»

L'ancien diplomate ajoute ainsi que la douche écossaise fait partie intégrante de la stratégie nord-coréenne:

«Le chaud et le froid c'est dans la logique de la Corée du Nord, parce que sa stratégie fondamentale, c'est l'incertitude, on ne sait jamais ce qu'elle veut, ce qu'elle est prête à faire […] Une sorte de bluff mondial auquel elle est habituée.»

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Kim Jong-un, «un personnage shakespearien»
L'incertitude, l'imprévisibilité, n'est-ce pas également le modus operandi de Donald Trump? Une hypothèse que valide Pascal Dayez-Burgeon, qui parle de

«"Kim Jong-Unisation" du Président américain. Le président américain a pris la Corée du Nord à son propre jeu, c'est-à-dire aussi dans l'incertitude, allait-il envoyer une flotte contre la Corée du Nord? Il ne l'a pas fait. Allait-il atomiser, comme il l'a dit, détruire la Corée du Nord? Il ne l'a pas fait, mais il aurait pu le faire.»

Pourtant, la différence fondamentale sur laquelle insiste l'ancien diplomate, c'est la temporalité. En effet, Donald Trump n'est en poste à la Maison-Blanche que pour trois années encore, et s'il est réélu pour sept années maximum, alors que «Kim Jong-un est là à vie, le président chinois aussi, il est là à vie».

Les Nord-Coréens ont-ils été effrayés par les menaces américaines? L'ancien diplomate estime que non, ces derniers n'ont pas eu peur et que Pyongyang n'est pas un État normal, mais un État guérilla:

«La Corée du Nord n'est pas un État normal. La Corée du Nord est un État guérilla, c'est-à-dire un État en permanente révolution […] donc ils sont prêts à tout, mais d'un autre côté, ce ne sont pas du tout des fous furieux qui sont prêts à faire n'importe quoi, ils savent très bien jusqu'au bout, jusqu'où ils peuvent aller. Ils se sont rendu compte que l'essai de septembre 2017 était le grand maximum de là où ils pouvaient aller.»

À travers ces essais atomiques, il s'agissait pour le leader nord-coréen de se constituer une force de dissuasion afin de protéger son pays contre d'éventuelles menaces américaines:

«Ce qu'il veut, c'est sanctuariser son pays. Et donc éventuellement frapper avant […] Ce qu'il possède suffit à protéger son pays ou plutôt son régime.»

Car oui, dorénavant, il est certain que Pyongyang détient l'arme atomique:

«Les tests des services américains et notamment les études sismographiques montrent qu'il n'y a pas de doute, il y a eu des essais nucléaires et le dernier était d'une puissance bien supérieure aux autres, donc il possèderait la bombe H.»

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