Cuba et les États-Unis: «on fait des affaires, on ne fait pas de la politique»

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Après la visite de Barack Obama sur l’île il y a deux ans, Raul Castro vient de céder le pouvoir au nouveau Président cubain, Miguel Díaz-Canel. Où en est Cuba de ses relations avec Washington? Un entretien de Rachel Marsden avec Daniel Berrebi, homme d’affaires français.

La venue du Président américain Barack Obama en mars 2016 à Cuba avait rendu optimistes de nombreux observateurs sur le dégel des relations entre La Havane et Washington. Il n'en a rien été. L'embargo américain est toujours en place et l'avènement de Donald Trump n'a pas arrangé les choses.

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La récente venue à Cuba d'un Président américain n'est pas la seule rupture dans l'île, le mandat de Raul Castro a permis également une libéralisation relative du système économique. Ainsi Daniel Berrebi, homme d'affaires français, patron de Baja Ferries au Mexique, a-t-il obtenu la première licence du gouvernement américain de ferry entre Miami et Cuba. Il y constate ainsi des changements dans la vie quotidienne: «la vie aujourd'hui à Cuba a un peu changé dans le sens où vous avez des restaurants privés, vous avez des petites boutiques, vous avez des gens qui ont monté leur business».

Néanmoins, les relations économiques entre l'île et son puissant voisin sont toujours au point mort à cause du maintien de l'embargo, rappelle l'homme d'affaires: «les sanctions n'ont pas été levées, les sanctions sont toujours là». Et il ajoute: «beaucoup d'entreprises américaines ont envie de s'installer, comment y arriver? Pour l'instant, c'est interdit». Mais alors qu'est-ce que le précédent Président américain a changé? M. Berrebi détaille les mesures prises par Barack Obama:

«[Se rendre à Cuba, ndlr], c'est un crime et aux États-Unis, on ne joue pas avec la loi. Obama avait mis en place douze catégories de personnes qui peuvent voyager, affaires, sportifs, religion […] Même sous Obama, on n'avait pas le droit d'aller à La Havane en vacances […] c'était interdit sous Obama et ça reste interdit sous Trump.»

Daniel Berrebi continue ainsi, développant les restrictions et licences émises par le gouvernement américain dans les années 1990, considérant que Bill Clinton a notamment facilité la vente de produits alimentaires:

«Il existe une loi qui date de l'époque Clinton qui permet aux Américains de vendre librement tous les produits issus de la terre américaine: du bois, des animaux, des fleurs, du lait, tous les produits agricoles sont autorisés, on peut les vendre à Cuba, la seule restriction est que les Cubains doivent payer cash avant l'embarquement».

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Le candidat Donald Trump promettait en 2016 de revenir sur cette politique de dégel de son prédécesseur. Qu'en est-il maintenant qu'il est installé à la Maison-Blanche? L'homme d'affaires dresse un maigre bilan de l'action du Président américain:

«Rien n'a changé depuis l'arrivée de Trump. Je pense que pour Trump, Cuba n'est pas une priorité […] Donald Trump s'intéressera à Cuba à condition que les Cubains lancent un petit signal.»

Et les Européens et les Français dans l'histoire? Sont-ils impliqués dans la reconstruction du pays? S'il constate l'absence de grands groupes américains, Daniel Berebbi souligne l'établissement d'entreprises européennes dans l'île:

«Les Européens sont présents, notamment un groupe français comme Bouygues est bien présent à Cuba, puisqu'il construit pas mal d'hôtels, vous avez des groupes canadiens qui sont dans l'extraction du nickel et qui sont basés à Cuba».

Celui qui a obtenu la première licence de ferry entre Miami et La Havane explique son modus operandi:

«On fait des affaires, on ne fait pas de la politique. Il faut mettre la politique à part».

Et il continue: «ça n'a pas été simple, ça nous a pris une dizaine d'années, notamment beaucoup de travail avec nos amis cubains pour leur expliquer l'avantage et ce qu'était un ferry. Au moment de l'ouverture des négociations, entre l'administration Obama et le gouvernement cubain, une des vingt-six demandes du gouvernement cubain était un service de ferry entre les États-Unis et Cuba. Les Américains ont donné satisfaction aux Cubains […] nous avons eu la licence le 9 mai 2016, ça fait pratiquement deux ans. Depuis il ne s'est rien passé, puisqu'après que les Américains aient autorisé les ferries […] nos amis cubains ne se sentent pas prêts de recevoir des ferries avec 1.000 ou 2.000 passagers qui débarquent tous les jours à La Havane, donc pour l'instant la situation est bloquée».

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