«Tout le monde était au courant que les Américains espionnaient tout le monde»

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Cinq années après l’affaire Snowden qui a secoué les relations entre États-Unis et leurs alliés, notamment européens, les Américains ont-ils tiré les leçons de cette débâcle? Une émission passionnante en compagnie de Bernard Carayon, maire de Lavaur, ancien député LR et spécialiste en intelligence économique.

Alors que les États-Unis continuent à développer l'extraterritorialité de leur droit à travers le monde, cela fait maintenant cinq ans qu'Edward Snowden a bouleversé la communauté de l'espionnage américain en dévoilant un scandale politique. Mais qu'est-ce qui a réellement changé depuis? Les leçons de l'espionnage américain vis-à-vis de ses plus proches alliés ont-elles été retenues?

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Bernard Carayon, maire de Lavaur, ancien député LR et spécialiste en intelligence économique, se souvient avoir été traité de paranoïaque par ses collègues de l'Assemblée nationale avant l'affaire Snowden, parce qu'il décrivait «les formes et l'intensité de l'espionnage américain, espionnage politique, espionnage industriel et scientifique, espionnage sur la vie privée par la maîtrise totale des réseaux d'Internet». Celui-ci évoque les différentes personnes espionnées par les États-Unis, affaire dévoilée par le lanceur d'alerte américain:

«La Chancelière Merkel, le Président Morales, les ambassades françaises et enfin de très nombreux industriels concurrents des industriels américains.»

Pour l'ancien député, le lanceur d'alerte a été très utile, notamment pour la France:

«Snowden est évidemment un traître pour sa patrie, incontestablement, mais ça a été un traître qui a été utile pour le monde entier.»

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Alors que chaque État-nation possède des services de renseignement, en quoi le fait d'espionner est-il gênant? Pour Bernard Carayon, c'est le fait d'espionner ses amis, mais également de le mettre sur la place publique:

«Tout le monde était au courant que les Américains espionnaient tout le monde […] L'espionnage est parfaitement légitime à défaut d'être légal, lorsqu'il s'attaque à des institutions publiques en particulier à des ennemis, à des adversaires, mais pas à des amis. On ne doit pas s'espionner entre amis […] c'est une véritable trahison.»

L'homme politique fustige ainsi les réactions des dirigeants politiques européens comme Angela Merkel et François Hollande qui se sont révélés fort embarrassés:

«Pour qu'on tire toutes les leçons de l'affaire Snowden, il faudrait encore qu'il y ait du courage politique chez les partenaires et les concurrents des États-Unis.»

La France pratique-t-elle ce genre d'espionnage plutôt agressif? Pour Bernard Carayon, la réponse est négative:

«Malheureusement, la France est beaucoup plus honnête que ne le sont les États-Unis, la Russie ou la Chine, pour des raisons qui sont multiples. La première raison, c'est qu'il n'y a pas de culture du renseignement en France.»

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