Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France en Inde: «Trump a dit aux Indiens d’acheter américain»

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Donald Trump s’est rendu en Inde pour conclure de nouveaux accords commerciaux, notamment dans le domaine militaire. Qu’est-ce que cela signifie pour les alliés traditionnels de l’Inde, dont la France et la Russie? Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France en Inde, revient au micro de Rachel Marsden sur la visite du Président américain.

Donald Trump est arrivé en Inde cette semaine, avec sa famille, pour un discours qui a rempli l’un des plus grands stades du monde.

Sachant que ce sont les accords commerciaux qui intéressent vraiment Trump, lesquels sont en cours de négociation avec l’Inde, et quel impact peuvent-ils avoir sur les autres alliés de New Delhi? Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France en Inde, explique:

«Je crois que Donald Trump, pour l’Inde comme pour les autres pays, a regardé les échanges commerciaux et il a vu qu’il y avait un excédent indien dans les échanges avec les États-Unis, comme c’est le cas pour la Chine. Il a instauré il y a quelques mois des droits de douane supplémentaires sur l’acier, 25%, sur l’aluminium, 10%, et il a retiré l’Inde de la liste des pays en développement qui bénéficiaient de préférences tarifaires, donc il a déjà mis la pression. Et puis, évidemment, il a dit aux Indiens qu’il fallait qu’ils achètent américain. Alors, acheter américain, ce qu’il y a de plus facile, c’est dans le domaine militaire.»

Blanchemaison explique que pour le moment, Trump n’a pas réussi à remplir l’objectif principal de sa visite:

«Les Indiens sont des négociateurs redoutables et les Américains ont essayé de pousser dans la préparation de cette visite un accord commercial et ça n’a pas été possible, donc ces discussions vont se poursuivre.»

Donald Trump et Narendra Modi - Sputnik Afrique
Trump promet à l’Inde «l’équipement militaire le plus redouté de la planète»
La Maison-Blanche a annoncé que l’Inde achèterait 3 milliards de dollars d’équipement militaire américain, dont des hélicoptères de combat. Trump a aussi évoqué les transferts de technologie militaire vers l’Inde. L’ancien ambassadeur en Inde et en Russie explique que le premier fournisseur d’équipement militaire de l’Inde, depuis l’époque soviétique, c’est la Russie:

«Les Sukhoi Su-30 sont actuellement montés en Inde. C’est-à-dire qu’il y a une usine d’État, Hindustan Aeronautics Limited, qui assemble des pièces venues de Russie pour fabriquer des Su-30 pour l’Armée de l’air indienne. Ça ne veut pas dire que c’est complètement fabriqué en Inde. C’est un transfert limité.»

Blanchemaison explique que l’Inde s’inscrit pleinement dans une vision multipolaire –partagée par un certain ancien Président français à la fin de la Guerre froide– et ne souhaite dépendre d’aucun pays:

«L’Inde aimait beaucoup le discours du Président de la République française de l’époque, Jacques Chirac, sur le monde multipolaire: “Le monde bipolaire, c’est terminé, nous entrons maintenant dans un monde multipolaire”. Et bien entendu, l’Inde devient un pôle important. Et l’affirmation de l’Inde s’est faite depuis cette époque, notamment sur le plan économique, puisqu’elle est devenue la cinquième puissance économique du monde.»

La visite de Trump s’est déroulée sur fond d’émeutes et de manifestations. Blanchemaison en explique la cause:

«La BJP [nldr: le parti du Premier ministre actuel, Narendra Modi] a toujours voulu marquer que la primauté revenait aux Hindous, puisqu’ils sont 80% de la population, et a cherché à restaurer l’hindouité de ce pays. Évidemment, ça va contre la logique de la Constitution et surtout contre la logique du parti du Congrès, qui est celui qui jusqu’à présent a alterné au gouvernement du pays.»
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