Blocus des voies ferrées au Canada: «une frustration de plusieurs siècles des peuples autochtones»

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Depuis quelques semaines, des peuples autochtones bloquent des voies ferroviaires au Canada pour protester contre la construction de pipelines menée par le gouvernement de Justin Trudeau. Un mouvement qui a des racines profondes. Décryptage de Glenn Babb, ancien ambassadeur sud-africain au Canada, au micro du Désordre mondial.

Justin Trudeau, Premier ministre canadien, est pris dans une crise qui menace l’économie de tout le pays. Le Canada dépend de son statut d’état exportateur d’énergie et de ressources, mais certaines Premières nations canadiennes s’opposent à la construction d’un nouveau gazoduc sur la côte ouest du pays, en Colombie britannique. En effet, le Coastal GasLink devrait passer sur leurs terres traditionnelles et  en signe de protestation.

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Le résultat: une menace directe pour l’économie canadienne, non seulement parce que ces lignes ferroviaires transportent des personnes et des marchandises à travers le Canada, mais aussi parce que ce ne sera probablement pas le dernier projet industriel économiquement important à faire face à un tel blocus. 

Est-il possible de construire des pipelines dont l’économie canadienne dépend et aussi de protéger les droits des Autochtones au Canada? D’après Glenn Babb, ancien ambassadeur d’Afrique du Sud au Canada, le blocus n’est qu’un symptôme d’un problème beaucoup plus profond:

«C’est la frustration de plusieurs siècles des peuples autochtones au Canada. Et ils ne protestent pas seulement contre le pipeline, ils protestent contre leur situation. C’est une situation qui est intenable, dans un certain sens.
Le Canada est connu mondialement comme un pays généreux, humanitaire, mais il y a toujours eu un angle mort dans leur attitude. Et c’est considéré comme un peu hypocrite.»

Babb explique que malgré un immense ministère dédié aux Affaires autochtones, où des milliers de personnes travaillent, la situation ne s’améliore pas:

«La politique est maladroite. On ne sait pas s’il faut les intégrer, ou si les 616 réserves seront une partie du Canada ou seulement des musées pour les Indiens. Et c’est toujours une frustration de savoir quel est le but de cet Indian Act, qui date de 1871.»

Que serait donc la solution pour améliorer le quotidien des autochtones, qui sont parmi les plus pauvres du pays?

«Pour faire une omelette, il faut casser des œufs. Alors il faut abandonner la loi qui existe depuis 150 ans et il faut donner à chacun des autochtones 100.000$ par an et dire, “Vous décidez si vous voulez garder les frontières et rester là, ou dépenser l’argent pour des vêtements, des écoles, pour l’avancement de l’éducation”.»
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