«Nous sommes en guerre»: Emmanuel Macron l’a répété six fois lors d’une allocution télévisée. C’était juste avant de nous appeler à nous enfermer chez nous pour une durée indéterminée, tout en étant quotidiennement bombardés de statistiques sur les cas de coronavirus et le nombre de morts.
Philippe-Joseph Salazar, auteur du livre «Grand Oral: Petit traité de prise de parole en public» (Éd. Genèse), réagit à la communication de crise française:
«On vous dit toujours, “ce qui va se passer va être terrible”. Ça, c’est partout. Dans tous les journaux. On doit arrêter de faire ça... Non seulement il y a un discours opaque sur les morts, mais aussi un discours opaque sur le futur. On devrait cesser de faire ça.
Le rôle du gouvernement dans un régime démocratique, c’est de donner l’information. Ce n’est pas de déformer la réalité. Il y a un effort constant de déformation de la réalité en vue de mettre en place un certain nombre de lois et de règlements qui permettent d’essayer de colmater la crise que l’on n’a pas prévue et qu’on ne sait pas comment gérer, en réalité.»
Le professeur à la faculté de droit du Cap en Afrique du Sud commente les applaudissements à 20h et autres gestes maintenant associés à la crise sanitaire:
«Au lieu d’argumenter, au lieu d’avoir de discussions raisonnables entre voisins, nous sommes là, à faire une suite vraiment d’actes magiques, en quelque sorte. On tape sur une casserole. On applaudit. Mon Dieu! Qu’est-ce qu’il y a de plus magique et de religieusement rituel que des applaudissements?»
Salazar se demande aussi où sont passés tous les intellectuels français pour alimenter le débat d’idées:
«Je suis stupéfait du silence intellectuel en France. Où sont-ils? Comment contribuent-ils au discours public? Ils étaient là, très présents, à nous argumenter rhétoriquement sur “Sainte” Greta [ndlr, Thunberg]...
Pendant des années, tous ces intellectuels français nous ont assommés de leurs arguments et maintenant que nos concitoyens ont besoin d’eux pour formuler les arguments rationnels pour comprendre les choses, il n’y a rien à voir. Ils sont en vacances à l’île de Ré.»