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Les économistes ne mangent pas tous des enfants! Rendez-vous chaque semaine avec Jacques Sapir, Clément Ollivier et leurs invités pour égrener les sujets de fond qui se cachent derrière le tumulte de l’actualité.

Vente d’armes: «les considérations morales sont secondaires»

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Le marché de l’armement a connu depuis la fin de la Guerre froide des mutations importantes. Les ventes d’armes posent de sérieux problèmes tant économiques que politiques ou moraux. Jacques Sapir recevait à ce propos Adrien Caralp, chercheur à l’EHESS et à l’IRIS, et Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements.

À l'occasion de son voyage à Abou Dhabi, Emmanuel Macron annonçait le 9 novembre la vente de deux corvettes Gowind aux Émirats arabes unis. La question des ventes d'armes et du marché de l'armement fait la Une des médias dès que l'on annonce un contrat particulièrement important, souvent —hélas- signé avec un pays peu recommandable. Pourtant, au-delà des condamnations morales, l'industrie de l'armement existe et elle joue un rôle important, à la fois dans ses productions et dans les innovations techniques qui en découlent. Ainsi, faut-il armer les protagonistes de la guerre civile au Yémen, un conflit largement internationalisé dont on parle peu et qui est en réalité plus meurtrier que la guerre en Syrie?

Patrice Bouveret déplore le manque d'éthique de nombreux contrats d'armement: «malheureusement, la question morale n'intervient que très peu dans le cas des contrats conclus entre les États […] sans tenir compte vraiment des réalités, des conséquences que cela peut avoir en termes de population, sans tenir en compte de préoccupations morales ou éthiques, malgré l'avancée de la réglementation internationale avec le Traité sur le commerce des armes au niveau international ou la position commune de l'Union européenne.» Il insiste ainsi sur l'absence de débat sérieux en France sur les exportations d'armes en particulier à l'Arabie Saoudite, en pointant «le fait que des chars Leclerc puissent être utilisés […] par l'Arabie saoudite contre la population au Yémen.»

Comment expliquer cette «amoralité» dans les exportations d'armements? Adrian Caralp chercheur à l'EHESS sur les questions d'économie de la Défense, considère que les facteurs économiques ont une influence croissante «dans les exportations de matériel militaire, parce que la faiblesse des budgets militaires dans les pays européens explique une pression toujours plus importante pour exporter. On a besoin d'exporter pour maintenir une industrie qui reste dynamique sur le territoire national, à cela s'ajoute des considérations de nature politique puisqu'un grand contrat d'armement peut être assimilé […] à une alliance militaire qui va lier deux États sur le long terme». Ainsi, il conclut en estimant que «les considérations morales sont secondaires par rapport aux objectifs politiques et économiques.»

Retrouvez l'intégralité de l'émission en vidéo sur notre chaîne YouTube Radio Sputnik

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