- Sputnik Afrique
Russeurope Express
Les économistes ne mangent pas tous des enfants! Rendez-vous chaque semaine avec Jacques Sapir, Clément Ollivier et leurs invités pour égrener les sujets de fond qui se cachent derrière le tumulte de l’actualité.

Russie: un bilan économique à la veille de la présidentielle (1/2)

© SputnikLes chroniques de Sapir
Les chroniques de Sapir - Sputnik Afrique
S'abonner
À quelques jours de l’élection présidentielle, quel état des lieux peut-on dresser de l’économie russe? Quelles perspectives? L’économiste Renaud Bouchard et le spécialiste de l’énergie Francis Perrin sont les invités des Chroniques de Jacques Sapir.

Alors que l'issue politique de la prochaine présidentielle russe ne pose pas vraiment question et que Vladimir Poutine devrait selon toute vraisemblance être reconduit, ce scrutin donne l'occasion de revenir sur les enjeux économiques que traverse le pays. Quatre ans après l'instauration des sanctions occidentales et le début de la chute des prix du pétrole, où en est la Russie?

Jacques Sapir et Clément Ollivier reçoivent Renaud Bouchard, juriste et économiste, doctorant à l'EHESS, et Francis Perrin, spécialiste des questions énergétiques à l'OCP Policy Center et directeur de recherche à l'IRIS.

Francis Perrin constate que le regain de santé de l'économie russe est fortement lié à l'évolution des cours des hydrocarbures: «Ce n'est pas un hasard si les deux années de récession ont été 2015 et 2016, années d'effondrement des prix du pétrole, et ce n'est pas non plus une coïncidence que la croissance reparte à partir de 2017, avec la remontée des cours. L'amélioration macroéconomique est indiscutable mais le lien demeure fort avec la variable du prix du pétrole, variable que personne ne maîtrise, pas même la Russie. Cela dit, le pays a quand même pris le taureau par les cornes en décidant d'être un acteur de ce redressement des prix: les 14 pays membres de l'OPEP et 10 pays non-membres dont le principal est la Russie réduisent depuis janvier 2017 leur production.»

Jacques Sapir note lui aussi que l'économie russe reste très sensible aux rentes d'exportation, mais également que «toute une partie de l'industrie russe travaille maintenant pour son marché intérieur. Il y a par exemple un important redémarrage du secteur de l'automobile. Mais là où les sanctions ont paradoxalement joué un rôle positif, c'est essentiellement dans l'agriculture: on l'a vue se développer en 2015, 2016 et 2017 au point que pour la première fois depuis le début des années soixante, la Russie est redevenue autosuffisante voire en excédent sur toute une série de produits agricoles, comme le blé ou le beurre. C'est dû à l'effet des contre-sanctions russes et à une politique du gouvernement qui a très largement subventionné le redémarrage de son agriculture.»

Renaud Bouchard insiste par ailleurs sur le fait que la Russie se tourne de plus en plus vers l'est: «Dans la politique de substitution aux importations, le commerce avec la Chine a considérablement grandi en venant contrebalancer la perte financière gigantesque des échanges avec les pays occidentaux, qui selon mes chiffres s'élève à 100 milliards d'euros sur les trois dernières années. Or fin 2018, les échanges avec la Chine devraient monter à ce même chiffre de 100 milliards de dollars, et le but est d'arriver à 200 milliards en 2020.»

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала