Pour la première fois depuis la chute du mur de Berlin, la Russie a une chance de pouvoir miser gros dans le jeu politique européen. Pas seulement grâce au pétrole et au gaz. Le centre politique en Europe se déplace de Strasbourg vers Bruxelles. L'Union européenne a commencé à exercer les fonctions du Conseil de l'Europe, en créant une commission des droits de l'homme et en prévoyant de fonder sa propre Cour supranationale. Pour l'instant, l'équilibre fragile des forces est respecté grâce, pour beaucoup, à l'activité de la Cour européenne des droits de l'homme. Et après? Dans la politique, de même que dans la sélection naturelle, c'est le plus fort qui gagne. En l'occurrence, c'est l'Union européenne où est concentrée la part léonine des finances européennes. Or, comme on le sait, le pouvoir appartient à ceux qui ont de l'argent.
Mais la vitesse du "dépérissement" du Conseil de l'Europe dépend beaucoup de la Russie, car, sans la Russie, unique acteur important en Europe non membre de l'Union européenne, le Conseil de l'Europe perd le sens de son existence.
Cependant, Moscou ne sait pas encore dans quelle mesure la Russie est prête à s'intégrer à l'Union européenne. De l'avis du sénateur Mikhail Marguelov, "pour la Russie qui édifie un Etat démocratique souverain, il est inconcevable de renoncer à une partie de sa souveraineté pour adhérer à l'Union européenne".
Mais les Russes veulent être Européens, par conséquent, le Conseil de l'Europe est nécessaire. En janvier 2008, la Russie pourra lutter pour le poste de président de l'APCE. Ce poste suppose la rotation des Etats, donc, même les membres du Conseil de l'Europe, dont l'attitude envers la Russie est loin d'être bienveillante, ne pourront pas contourner cet immense Etat d'Europe. Moscou exerce une influence financière sur cette organisation, ce qui est important. Assumant la présidence du Conseil de l'Europe, la Russie renforcera ses positions dans le dialogue avec l'UE sur les conditions exceptionnelles de son intégration dans l'espace européen.