La réponse de Poutine à la question du "gouvernement nommé par le parti au pouvoir" a été une sensation politique au cours de la sixième conférence de presse annuelle du
chef de l'Etat : tout est possible dans la perspective historique, mais aujourd'hui "nous avons besoin d'un pouvoir présidentiel fort".
C'est Poutine qui avait énoncé l'idée du gouvernement nommé par le parti ayant remporté les élections. En septembre dernier, elle a même été soutenue par l'ex-patron de Ioukos, Khodorkovski, qui a déclaré qu'il était nécessaire de combiner l'"autorité absolue" du président et le "système démocratique de formation du gouvernement par les partis représentés au parlement".
"Maintenant, l'hypothèse selon laquelle Poutine prendrait la tête de Russie Unie après les législatives peut être abandonnée", affirme l'expert du groupe analytique "Mercator" Dmitri Orechkine. "Mais cela ne veut pas dire que le président renoncera à sa carrière politique. Il peut devenir premier ministre sans être soutenu par aucun parti", a-t-il ajouté.
"Poutine fait comprendre qu'il ne peut pas charger Russie Unie de la responsabilité du pays", se réjouit le leader de Rodina, Dmitri Rogozine. "Poutine a constaté que Russie Unie est incapable de former un gouvernement. Ce n'est pas un parti, mais le décor du règne de Poutine et il est fort douteux qu'il puisse survivre à son mandat présidentiel", affirme avec certitude Iouri Korgouniouk, du fonds Indem.
Quant à la question de son successeur, Poutine n'a pas donné de réponse et a conseillé au gouvernement de "penser aux résultats de son activité parce que le niveau de vie de la population en dépend" et d'être " le moins possible politisé ".
Ayant éludé la question de la succession et assigné des fonctions exécutives au gouvernement, Poutine a laissé entendre qu'il n'accepte pas que le processus de gouvernement de l'Etat se transforme en campagne électorale, estime le président de la Fondation pour une politique efficace, Gleb Pavlovski. Iouri Korgouniouk, pense quant à lui que Poutine ne s'est pas encore déterminé. Quant à Boris Makarenko, du Centre des technologies politiques, le président attend de voir comment Medvedev va s'acquitter des tâches qui lui ont été fixées.