La volonté du président de faire au plus vite du rouble une monnaie mondiale est tout à fait compréhensible. Cette démarche est censée renforcer le statut de la Russie en tant que pays membre du G-8 dont elle assume actuellement la présidence.
Pour Andreï Iakovlev, directeur de l'Institut d'analyse des entreprises et des marchés (Haut collège d'économie), "la convertibilité du rouble est un objectif conventionnel". Il suffit pour cela de lever les restrictions sur les transactions monétaires. Aujourd'hui, en achetant des valeurs, des biens immobiliers ou d'autres actifs russes, les étrangers sont tenus de créer des provisions, mais on ne peut pas parler de vraies barrières, puisque les investisseurs utilisent divers schémas pour les contourner.
Il ne s'agit pas de la convertibilité, mais de la compétitivité de la monnaie, affirme Sergueï Aleksachenko, directeur du Centre d'études stratégiques et ancien président de la Banque centrale de Russie. "À part les matières premières, nous ne fournissons rien de significatif sur le marché mondial. Et tant qu'il n'y aura rien d'autre que les matières premières derrière notre monnaie, le rouble ne sera pas le bienvenu sur les marchés internationaux", explique-t-il.
Le vice-président du comité de la Douma pour les organisations de crédit et les marchés financiers, Pavel Medvedev, partage cette vision: "La Russie ne peut pas forcer ses clients à payer son pétrole en roubles. De ce point de vue, la convertibilité du rouble est un mythe".
La convertibilité totale présente également un aspect négatif: la Banque centrale aura moins de possibilités de gérer le cours de la monnaie nationale. Et il n'est pas évident que les banques russes sauront digérer les fortes variations de la masse monétaire inévitables en cas de sortie du rouble dans l'arène mondiale, ce qui pourrait engendrer en fin de compte une crise bancaire.