Aujourd'hui Gazprom possède des parts dans les sociétés de distribution de gaz dans près d'une vingtaine de pays européens. "Les livraisons de gaz sont réalisées par la compagnie Gazexport, une filiale à 100% du monopoliste, qui passe des contrats avec les entreprises conjointes qui, elles, vendent le combustible dans un pays déterminé", dit Alexandre Pougovkine, analyste de la société de courtage Brokerkreditservis, pour expliquer le mécanisme.
La vente au détail du gaz est réalisée soit par les entreprises conjointes, soit par d'importants acteurs locaux, sans l'intervention directe de Gazprom ou de Gazexport. Le prix du gaz vendu par Gazprom aux propriétaires des réseaux de distribution est sensiblement plus bas que celui du gaz proposé par ces derniers aux consommateurs (selon des chiffres fournis par Gazprom, au cours des neuf premiers mois de 2005 le prix du gaz exporté en Europe continentale était de 180,8 dollars les 1.000 mètres cubes pour un prix de vente au détail de 230-250 dollars). Signalons qu'une bonne partie des recettes supplémentaires des détaillants est utilisée pour entretenir les réseaux.
"Pour une compagnie il est primordial que le contrôle exercé sur les consommateurs lui garantisse un écoulement", souligne le directeur du département d'analyse de Brokerkreditservis, Maksime Cheïne. C'est particulièrement important en raison de l'essor rapide pris par le marché du gaz naturel liquéfié (GNL), qui peut être livré indépendamment de l'existence ou non de gazoducs d'exportation.
Pour ce qui est de l'avenir, on envisage des livraisons aux Etats-Unis de GNL en provenance du gisement de Shtokman ou de Sakhaline 2. Il serait aussi possible d'utiliser la logistique de transport existante, par exemple depuis le Canada. Toutefois, Konstantin Gouliaev, analyste du groupe Reguion, souligne que Gazprom aura beaucoup de mal a investir ce marché prometteur: à la différence de l'Europe, dépendante à 25% du gaz russe, les Etats-Unis disposent de suffisamment de fournisseurs.