Le danger de crise énergétique globale est déjà visible et le Japon a besoin des hydrocarbures russes comme de l'air. Et il est entré en concurrence avec la Chine qui se met en quatre pour décider la Russie à construire un oléoduc direct.
C'est le pétrole et non pas la polémique stérile sur les "territoires du nord" qui a été le principal sujet abordé lors de la rencontre Poutine-Koizumi en novembre 2005. La Russie a accédé aux desiderata japonais, acceptant de faire aboutir la canalisation en 2008 au port de Nakhodka, à deux pas du Japon. Mais elle a pris soin de ne pas offenser les Chinois. Dans l'idéal, ce pipeline devra fournir au Japon 1,6 million de barils par jour, quantité suffisante pour apaiser sa faim énergétique pendant bien des années.
Moscou a beaucoup fait pour réaliser son projet oriental et a même créé une commission spéciale auprès du ministre Viktor Khristenko, responsable des ressources énergétiques. Mais au lendemain des fêtes du Nouvel An on a appris que la date de mise en chantier de la canalisation pouvait être reportée une nouvelle fois en raison des imperfections constatées dans le projet. En effet, les plans définitifs de rattachement du tube au terrain ne sont pas encore prêts. Sans parler des problèmes de financement : Transneft n'a toujours pas trouvé la totalité des fonds nécessaires à la réalisation du projet.
Les Japonais ne comprennent pas ces "subtilités" du laisser-aller traditionnel russe. Ils soupçonnent même la Russie de saboter le projet. Que la "journée des territoires du nord" (7 février) ait été largement célébrée au niveau officiel ne signifie qu'une chose : le Yamato veut du pétrole. Serguéi Lavrov, qui ne mâche pas ses mots, ferait bien de se familiariser avec les finesses orientales.