Le Kremlin déçu du "partenariat stratégique" avec l'Occident

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L'élite russe au pouvoir constate qu'elle n'a pas besoin d'étalon sous forme de système occidental de coordonnées socio-politiques.

La Russie s'insère de plein gré dans le groupe d'Etats, parmi lesquels la Chine et le Pakistan, auxquels on ne saurait reprocher d'opter pour les standards euro-atlantiques. Cette décision prise par le Kremlin traduit dans une grande mesure son désappointement du "partenariat stratégique" avec l'Occident, écrit dans le quotidien Kommersant Fiodor Loukianov, rédacteur en chef de la revue La Russie dans la politique globale.

Un désappointement qu'accentuent l'adhésion désormais inéluctable de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN et les négociations désespérantes de lenteur sur l'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Toutefois, la raison essentielle réside bien sûr dans le fait que Moscou a pris conscience du poids que lui confère la puissance énergétique qui croît en même temps que la conjoncture des matières premières se fait de plus en plus favorable. La Russie n'est plus satisfaite du rôle de partenaire secondaire (en fonction des dimensions de l'économie), elle revendique désormais au moins une participation de plein droit à la définition des règles générales du jeu.

Il n'y a rien d'étonnant à ce que la Russie ne s'inscrive pas dans le monde occidental. Un pays de cette envergure et aussi conscient de ce qu'il représente est condamné à avoir son propre ordre du jour. Le problème se trouve ailleurs. L'euphorie pétro-gazière donne l'illusion que le pays est désormais prêt à appliquer sa propre politique sans prêter attention aux réactions et sans trop penser aux conséquences.

A l'époque la présidence au G8 avait été offerte à la Russie en signe d'encouragement de son inclination pour le "monde civilisé". Mais le Kremlin a brusquement perçu cette démarche comme un moyen pour affirmer son droit de se comporter comme bon lui semble. Encore à la fin de l'année dernière, la veille de la présidence russe au G8, les chances de la Russie de prendre une place décente dans le cercle des "titans" étaient assez réelles. Au fur et à mesure que grandissait l'intérêt porté aux ressources russes l'attention accordée à "certaines de ses carences" en matière de démocratie s'estompait. Mais la patience manquait pour élaborer des jeux stratégiques. L'élite nostalgique de la puissance voulait matérialiser celle-ci sans tarder. On l'a bien vu avec l'Ukraine et d'autres.

Il semble bien que nous accédions à une nouvelle étape des rapports avec l'Occident, et qu'au lieu de s'achever en apothéose du rapprochement le sommet de Saint-Pétersbourg pourrait devenir le symbole d'une démarcation retentissante.

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